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10 janvier 2017 2 10 /01 /janvier /2017 19:50

Dans le répertoire de Claude François, « Mon cœur est une maison vide » est une véritable chanson « Pop » par excellence. Elle aurait d’ailleurs pu être adaptée (pourquoi pas par Barry Ryan, par exemple !) et devenir un standard international de par sa ligne mélodique inédite (de brusques changements de tempo) et une partition vocale très abrupte voire carrément vertigineuse (on passe du do dièse au si bécarre de l’octave supérieure !). Nichée au sein d’un des meilleurs albums de Cloclo qui inclut les hits « Un monde de musique », « Cherche » et « Rêveries », le morceau nous offre, comme dans tant d’autres, une palette instrumentale dont la sonorité colle indubitablement à la musicalité racée de l’artiste, dans les couleurs qu’il affectionne le plus, avec des variations rythmiques extraordinaires dont il est à l’origine puisqu’il est le coauteur avec Jean-Pierre Bourtayre de la partition musicale. Après avoir travaillé avec Les Reed, David Whitaker, Reg Guest et Lou Warburton et toujours aussi séduit par les particularités de ce « son » d’outre-Manche qui ne ressemble à aucun autre sur le plan de la réverbération, Claude François souhaite explorer le talent et la vision orchestrale d’un autre directeur anglais, Johnny Arthey, qui avait intégré l’équipe à « Jojo » Dassin dès 1966 (l’album « Joe Dassin à New York ») et qui accompagnera le plus américain des chanteurs français jusque son avant-dernier 33 tours « 15 ans déjà » en 1979. Malgré que la chanson passera au second plan, la collaboration est concluante et, enthousiasmé par la qualité de ses arrangements, elle sera renouvelée… à peine quatre mois plus tard, en novembre 1969, lors de la sortie d’un album éponyme regroupant… 13 nouveaux titres dont « Douce Candy », « Une petite larme m’a trahi », « Chaque jour à la même heure », le tubesque « Tout éclate tout explose », le fantastique « Même si demain », « Vivre que c’est bon », « Le pantin », « Petit Jésus », le sous-estimé « Un homme libre » (surtout en France mais il fera un tabac au Canada), le scénique « Tu seras toute à moi » et « Il reste toujours » seront confiés à Arthey; l’illustre Jean-Claude Vannier, se chargeant, lui, de la conduite de « Menteur ou cruel » et « Les ballons rouges ». Johnny Arthey réapparaîtra pour « Les Gens » (1970, titre inédit en bonus dans le livret « Le Dragon Magique » au sein de « La Collection Officielle ») et une dernière fois pour « C’est le reggae » (1976, un genre musical pour lequel le Chef a été reconnu comme un authentique spécialiste après avoir effectué des arrangements de cordes sur des rythmes jamaïcains). Si on ne s’attardera pas trop sur le texte écrit par Vline Buggy et Yves Dessca dont les mots, nonobstant leur simplicité, ont été soigneusement sélectionnés que pour se juxtaposer judicieusement sur la rythmique (84 à la noire lorsque Claude commence à chanter, on peut qualifier la mélodie de « faussement lente »), on analysera un peu plus en profondeur la technique vocale et, surtout, le positionnement de la voix de Claude sur le second pont musical; enfin, nous terminerons avec les composantes instrumentales de l’orchestration. Le premier volet, sur le plan vocal, regorge majoritairement de « doubles-croches » mais aussi de sections de « quatre doubles-croches » qui ne représentent aucune difficulté majeure pour un artiste pour qui le solfège n’a plus aucun secret depuis sa plus tendre enfance. Toutefois, l’exercice s’avère plus compliqué aux prémices du second pont musical chanté qui voit la pulsation rythmique grimper à 108 à la noire ! Dans celui-ci, le repère vocal est plus périlleux, le chanteur doit s’accommoder de « silences » et de « doubles-croches pointées ». Afin que sa voix soit correctement en corrélation avec l’écriture de la partition, il ne peut donc recourir qu’à la technique du comptage mental des temps… sinon c’est le plantage ! Sur le plan instrumental, l’intro aux timbales nous rappelle franchement celle d’ « Avec la tête, avec le cœur » du précédent album. Si, bien évidemment, des variantes mélodiques les différencient, elles sont identiques sur la durée puisqu’elles sont constituées de six mesures avant le début de la partie chantée. Les cordes et les cuivres s’entremêlent harmonieusement avec un piano espacé (de liaison et de transition) sur un fond de basse qui est manifestement l’instrument conducteur. Les percussions ne manquent pas d’attrait non plus, d’abord feutrées dans une ambiance tantôt « jazzy », tantôt « easy listening » (caisse claire avec balai, charleston et tambourin), elles s’emballent durant les ponts musicaux, avec l’émergence d’un orgue Hammond, pour prendre une connotation « Pop » à tel point que l’on peut hypothéquer le dédoublement de deux musiciens, l’un à la batterie et l’autre aux cymbales. Malgré sa grande richesse instrumentale, « Mon cœur est une maison vide » restera toujours en retrait par rapport à d’autres incontournables de l’époque mais caractérisera l’essence d’une musique « Pop » désormais bien incrustée dans le paysage du chanteur qui en avait déjà dessinée les contours plus tôt avec « Je veux chaque dimanche une fleur », « Te fatigue pas », « Tu n’as pas toujours dit ça » et qui sera surtout encore bien présente dans le prochain album de « Menteur ou cruel ». Pour en revenir à Johnny Arthey, « l’après » Joe Dassin sonne le glas d’une carrière commencée tambour battant en 1963 et qui connaît son apogée dans les années 70 où il offre également ses services à Sacha Distel, Petula Clark, Englebert Humperdinck, Joe Dolan mais aussi… Carlos. Avant cela, c’est lui qui signe « Eloïse » pour Barry Ryan en 1968, et, encore plus proche de Cloclo, il s’occupera de l’orchestration d’« Aime-moi, sois beau et tais-toi » pour Dani en 1976. Johnny Arthey nous a quittés le 27 octobre 2007 à l’âge de 77 ans.

 

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commentaires

C
Et la version de JP Bourtayre, sur disque "La Compagnie". CF déjà crédité sur la pochette => http://musicandmusic.centerblog.net/5034-jean-pierre-bourtayre-mon-coeur-est-une-maison-vide
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F
Tu deviens de plus en plus pointu dans tes analyses Bernie, à tel point que, moi qui n'ai jamais fait de solfège et qui donc, n'y connais rien en musique... à quelque fois des difficultés à comprendre ton jargon musical. Il n'empêche, je trouve toujours tes articles très intéressants. Ne change rien surtout ! Je viens de me rendre compte à l'instant que j'avais déjà commenté cet article ? Ce n'est pas grave ! Après tout quand on aime on ne compte pas !!! Et tu sais combien j'aime Claude.
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B
Merci pour ton commentaire et ta fidélité ! Amitiés.
A
beau blog. un plaisir de venir flâner sur vos pages. une belle découverte et un enchantement.
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B
Merci pour ces très beaux compliments et l'intérêt porté à mon blog ! J'espère vous y retrouver prochainement !
F
Toujours un immense plaisir de lire tes articles qui sont de plus en plus détaillés, musicalement. Bien au-dessus des articles des professionnels qui, à part une critique "facile" ou une référence, n'apportent généralement rien de bien utiles pour les amateurs de Claude, mais aussi qui aiment la musique, tout simplement. Bravo !
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B
Merci Fred pour ta fidélité et ces éloges qui me vont droit au cœur ! En espérant que nous aurons l'occasion de nous revoir en cette année 2017 et d'échanger quelques confidences ! À très bientôt !
A
très bel album que celui là ! La chanson "jeu dangereux" est de la même veine . D'ailleurs tout le disque est construit ainsi, donnant une personnalité musicale bien particulière et reconnaissable rien que dans les intros . C'était vraiment du bon Cloclo . Merci pour l'analyse complète et bien détaillée .
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B
Tout à fait ! Merci également pour votre intérêt à cet article.

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