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12 septembre 2016 1 12 /09 /septembre /2016 15:54

Tout bon fan de Claude François qui se respecte sait que l’inoubliable interprète de « Comme d’habitude » avait des origines italiennes par sa mère qui était Calabraise. Le tempo, comme la maman de Claude François, est d’origine italienne. Voilà donc le point de référence entre Claude François et l’une des particularités principales de la musique. Et en musique, Cloclo en connaissait plus d’une partition; la théorie et la pratique du solfège n’avaient plus aucun secret pour lui. Dans l’apprentissage qu’il eut de la musique et de sa transposition dans son métier, que ce soit en studio mais également à la scène, il accordait une importance primordiale au tempo. Si l’on veut faire un petit cours de solfège, il faut savoir, de prime abord, que le tempo est tout simplement la vitesse à laquelle la musique se joue. Ou plutôt, sur celle (la vitesse) que l’instrumentiste va se « caler ». Si l’on veut employer d’autres termes, on peut définir le tempo par la « pulsation » ou le « mouvement ». On pourra aussi parler de « Battements par minute » et, à la scène, ce critère prenait vraiment toute sa signification pour Claude François. Le rythme « Claude François » est né d’un type bien précis de structure mélodique. Si l’on prend en considération les chansons qui vont suivre, dans le contexte du présent article, et si on les écoute très attentivement, on en déduira qu’elles découlent toutes d’un « concept préfabriqué », d’un « moule » auquel Claude et son équipe apportaient quelques variantes, quelques modifications ou retouches qui, pour la plupart, se situaient aux niveaux du contenu et de la forme du refrain. Ce dernier apparaît alors plus rythmé, plus chaloupé, au contraire du couplet qui, lui, est généralement voué à annoncer un autre tempo pouvant être assimilé à une liberté, un bonheur et une générosité d’expression musicale :

Il fait beau, il fait bon

Viens à la maison y’a le printemps qui chante

Le lundi au soleil

Belinda

Je viens dîner ce soir

Il n’y a que l’amour qui rende heureux

Je t’embrasse

Chanson Populaire

Heureusement tu penses à moi

Quand la pluie finira de tomber

La musique américaine

C’est toujours le même refrain

Où s’en aller

Un petit peu d’amour

Joue quelque chose de simple

La vie d’un homme

Une chanson française

Sale bonhomme

Comme une chanson triste

Voilà donc quelques exemples de titres qui illustrent notre analyse. Deux instruments ou ensembles instrumentaux de prédilection ont contribué amplement au rythme qui lui était si caractéristique : la batterie et les toumbas. Comme il le racontait si bien dans une émission télévisée en 1966 (La, la, la), les rythmes qu’il développait à partir de ces instruments avaient été travaillés, presqu’avec de l’acharnement, lors de son apprentissage des percussions, de 1956 à 1959, dans un Conservatoire classique où il côtoyait les différents types d’instruments qui appartiennent à cette catégorie : du tambour au xylophone en passant par les timbales, tout en décortiquant, bien évidemment, les leçons de solfège qui accompagnaient leur étude. Cloclo expliquait qu’il utilisait des pads en caoutchouc qui, appliqués, par exemple, sur une caisse claire, permettaient d’apprendre la rythmique et les roulés sans déranger le voisinage !  Dans un extrait bien choisi de cette émission, Claude François démontre comment différents rythmes peuvent s’associer à partir d’un mouvement ternaire. Toute la rythmique, avec laquelle il tissera ses prochains succès populaires durant les années 70, est issue de ces influences et, aussi, de ces références musicales. L’aspect « rythme » est donc essentiel dans la confection des tubes de Claude François, un rythme binaire avec une partition parsemée de « croches » ou de « doubles croches » comme dans « Alexandrie, Alexandra ». Enfin, on ne clôturera pas ce petit chapitre théorique sans aborder celui de l’harmonie (ou, si vous préférez, des accords, des arrangements ou, dans un sens général, la mélodie). L’harmonie, dans sa définition la plus courante, étudie la construction des accords (les simultanéités sonores).  Dans ce domaine également, Claude François était très exigeant : lors d’un « Système 2 » le 14 décembre 1975 où il était invité à improviser un medley, il n’hésitait pas à se substituer, un court instant, au chef d’orchestre afin que les musiciens s’accordent « harmonieusement » avant le début de son prochain extrait de chanson…

LE TRAVAIL EN CONCERT AU TRAVERS DE 3 EXEMPLES :

OLYMPIA ’69 - FOREST NATIONAL ’74 - PALAIS DES EXPOSITIONS CHARLEROI ‘78

Attardons-nous maintenant sur le rythme travaillé en concert et que Claude François imposait à des musiciens hors pairs, soigneusement triés sur le volet tels son organiste René Urtreger, issu du milieu du Jazz, son fabuleux batteur, un orfèvre en la matière, Dino Latorre, et, entre autres, son bassiste Camerounais Manfred Long, qui travailla avec le non moins célèbre Manu Dibango (un des plus grands musiciens africains, très grand ami de Claude, qui le rejoindra également lors de sa tournée qui le mènera du 27 décembre 1976 au 5 janvier 1977 au Cameroun, au Gabon et au Congo). Ceux-ci faisaient partie de son orchestre qui l’accompagna lors de ses prestations à l’Olympia du 19 au 30 novembre 1969. Outre la formidable section de cuivres (saxos baryton et ténor, deux trompettes) omniprésente dans l’intro qui précède la chanson d’ouverture, « Serre-moi, griffe-moi », elle-même suivie de « Cherche », ces trois morceaux sont très révélateurs de la technique (oui, car c’en est une, véritablement) utilisée par Claude François pour recréer sur scène ce qu’il avait travaillé en studio. Tout d’abord, c’est à René Urtreger que revient le difficile privilège d’ouvrir cette sublime intro que l’on croirait sortie tout droit d’une série américaine d’espionnage ! Ce déploiement de cuivres, ce rythme très soutenu, cet enchevêtrement de sons multicolores incroyables claquent dans vos tympans avec une force, une énergie incomparable ! La basse de Manfred Long est une des riches composantes instrumentales tout au long de ces 5’32" et que dire de la dextérité, de la maîtrise, de la justesse métronomique de Dino Latorre sur ses toms de batterie (ce dernier sera, par la suite, très demandé auprès de Michel Sardou, Sylvie Vartan, Julien Clerc, France Gall, etc…). Comme on le devine, les répétitions seront nombreuses et incessantes afin d’atteindre une telle qualité rythmique, une telle débauche aussi avec un tempo accéléré, voulu exclusivement par Claude, grandement influencé par les techniques utilisées par Elvis Presley et James Brown qui n’hésitaient pas non plus à augmenter la cadence musicale dans leurs prestations « live ». 

L’essence même de cette fantastique rythmique se retrouve également dans la reprise du morceau « Frankenstein » de The Edgar Winter Group en guise d’introduction à son show à Forest National (enregistrement du 12 janvier 1974). C’est le batteur Benjamin Cohen qui ouvre le morceau auquel participe encore René Urtreger (ce sera même son dernier concert auprès de Claude) qui nous régale de sa virtuosité aux claviers, mais aussi avec l’apport incontestable de Slim Pezin, à la lead guitare, qui s’érige en chef orchestral. La perception est encore plus significative lors de l’interprétation d’ « Il fait beau, il faut bon » : écoutez l’alternance caisse claire/grosse caisse qui est conductrice du tempo avec lequel ce morceau est joué. Benjamin Cohen martèle littéralement sa caisse claire afin de bien mettre en valeur cette rythmique qui repose essentiellement sur les percussions. D’autres exemples similaires se dégagent du medley lorsque Claude enchaîne « J’attendrai » sur « Eloïse » (de 8’50" à 11’00"). Dans « Eloïse », il faut souligner le son produit par René Urtreger, magnifiquement « brodé » sur le jeu de Benjamin Cohen, tandis que dans « J’attendrai », c’est la basse de Michel Assa qui fait office de doublure rythmique. Petit détail qui a son importance dans la musique de fond employée dans le medley : quelques notes sont puisées du fameux « Papa Was A Rolling Stone », de la formation soul des Temptations, savamment arrangées par Slim Pezin et ses collègues, qui, avec un dosage instrumental subtil et succinct, permet de maintenir, tout au long de l’enchaînement des extraits de chansons, une tension rythmique palpable afin que l’audition du public soit continuellement en phase avec le tempo imprimé par l’orchestre et, indirectement, par le chanteur. 

Terminons ce tour d’horizon par son dernier passage en Belgique, au Palais des Expositions de Charleroi, le 11 février 1978. Dans l’introduction qui est constituée de notes répétitives puisées dans la partition de la chanson d’ouverture « Laisse une chance à notre amour » (pourtant la moins créative et la moins séduisante de toutes), Slim Pezin exécute un travail remarquable d’improvisation pendant plus de trois longues minutes afin d’échapper au terrible stress qui préludait à l’apparition de Claude François sur la scène ! Un solo de batterie dantesque, parsemé de cuivres, précédait l’annonce présentatrice « Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, voici le show de Claude François ! », avec le plus grand effet vocal requis, afin de galvaniser l’hystérie collective ! À nouveau, le tempo à la vitesse V V prime était de mise et même les vieux murs du mythique Palais Carolo s’en souviennent encore. Ensuite, Claude avait coutume, depuis plus de 6 ans déjà, de poursuivre avec « Stop au nom de l’amour », issu d’un original « Tamla Motown », qui avait généralement le bon goût de mettre son public en condition et, de surcroît, de le conquérir. Les points forts du spectacle résideront dans son interprétation endiablée de « Je vais à Rio » (qui repose essentiellement sur les cuivres, la guitare de Slim, sans omettre les toumbas d’Émile Boza, alias « Bonbon », des éléments instrumentaux indissociables du folklore sud-américain, ces derniers intervenant même dans la chanson suivante, « 17 ans », afin d’apporter un peu plus de couleur « bossa-nova »). Enfin, le choix de « Cette année-là », le cover de « December 1963 (Oh What A Night) », qui précède le medley, était la « 3ème locomotive » de cette « première partie » pour préparer le public au « plat de résistance » qui consistait à reprendre quelques extraits de chansons dont un condensé de 5 tubes emblématiques et que l’artiste qualifiait lui-même de « système rythmique » très spécial, très personnalisé, car basés sur un tempo bien déterminé : « Il fait beau, il fait bon », « Y’a le printemps qui chante », « Le lundi au soleil », « Je viens dîner ce soir » et « Chanson populaire »…

Pour conclure simplement et pour le définir de façon claire, nette et limpide, le Rythme Claude François n’est pas une invention puérile, ni désuète, il est bien réel puisque le chanteur l’a créé, modelé, modulé selon ses instincts artistiques, sa culture musicale. Ce « système » perdure maintenant depuis près d’un demi-siècle et il hante encore aujourd’hui les pistes des discothèques, sous les « sunlights »… en attendant, avec impatience, l’album de reprises de M. Pokora !

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17 juillet 2016 7 17 /07 /juillet /2016 19:12

En 1968, lorsque Claude François collabore pour la première fois de sa carrière avec Lou Warburton, il sait qu’il travaille dans la cour des grands. Lorsque l’enregistrement d’ « Eloïse » sera bouclé,  le résultat final sera d’une telle qualité qu’il fera nettement de l’ombre à l’original de Barry RyanLou Warburton, c’est plus de 300 références répertoriées dans le monde musical anglo-saxon depuis 1965, année durant laquelle il se fait surtout connaître par l’entremise des Pretty Things, du nom d’une formation rock londonienne qui débute son parcours en 1963 et dont David Bowie reprendra deux de leurs chansons dans son album « Pin Ups » paru en octobre 1973. Warburton s’illustre sur la chanson « Honey I Need » (plage titulaire de la face A sur le pressage américain de leur premier album et… plage titulaire de la face B sur le pressage anglais !). Après sa rencontre avec Claude François, il laisse ses cartes de visite à Status Quo sur « Spare Parts » et à Genesis sur « From Genesis To Revelation » de 1969 (où il côtoie un autre grand nom de technicien de studio en la personne d’Arthur Greenslade que Claude croisera également lors de ses sessions d’enregistrement à Londres). Durant la même année, il élargit ses horizons avec, excusez du peu, les Hollies sur « Sing Dylan » (un album de covers du célèbre folk singer où il signe les orchestrations de « Just Like A Woman », « My Back Pages » et « Mighty Quinn ») et sur un simple des Jefferson (« Baby Take Me In Your Arms » et « I Fell Flat On My Face »). Ensuite, Helen Shapiro, The Fortunes, Tony Christie, The Drifters, Gene Pitney et bien d’autres vedettes d’outre Manche viendront le solliciter avant que Cloclo fasse à nouveau appel à ses services, en 1975, pour diriger la partition musicale d’ « Hello Happiness », la face B de « Tears On The Telephone », la version anglaise du « Téléphone Pleure » chez un label exclusivement britannique, Bradley’s Records. Comme le dit le dicton, jamais deux sans trois, la troisième et dernière fois que Lou Warburton se placera devant le pupitre pour conduire l’orchestration de « I’m Leaving For The Last Time » constituera un aboutissement dans le début de la carrière internationale de Claude François. Intégralement composée par Roger Greenaway, la chanson conte une déchirure sentimentale, une relation tumultueuse avec, en toile de fond, « les grands espaces » américains (Oklahoma, San Francisco). On écoute les paroles comme si on lisait le début d’un triste roman à l’eau de rose avec l’histoire d’un homme à la recherche de son amour pourtant perdu à jamais. Cela finira mal puisqu’il apprendra sa mort par accident… Pure coïncidence ou reflet d’une étrange prémonition, le texte est troublant et laisse l’auditeur pantois quand il fait la relation avec la disparition tragique du chanteur alors qu’il préparait doucement mais sûrement son entrée sur le marché américain. Car cette chanson était taillée dans le « rock » afin de séduire le pays de l’Oncle Sam : particulièrement longue (4’16"), harmonieusement structurée de 4 refrains et de 3 couplets d’une durée similaire, elle s’appuie sur des arrangements musicaux d’une extrême subtilité non seulement sur le plan de la direction d’ensemble mais aussi et surtout sur le son des instruments forts : la guitare électrique, stridente et puissante (l’instrument « conducteur »), les percussions (la caisse claire sur le coup de grosse caisse accompagné par un tambourin bien présent) qui accentuent le tempo dans le refrain, le piano pour les nuances mélodiques dans les couplets dont le dernier est affublé de la guitare électrique pour encore mieux traduire la tension dramatique générée par la partition vocale mais aussi par la finalité de l’interprétation. Justement, dans ce domaine, Claude la maîtrise avec beaucoup de caractère, un timbre haut perché dans la portée du refrain avec une justesse globale irréprochable et, il faut le souligner, une lecture plus « cool » du texte pour lequel il apporte aussi une bien meilleure modulation par rapport à d’autres chansons. Enfin, soulignons le méticuleux travail de l’ingénieur de la maison, John Kurlander (il débuta chez Abbey Road… à l’âge de 16 ans !) pour le mixage de l’enregistrement de « I’m Leaving For The Last Time » (et des autres sessions de Claude) : un futur grand puisqu’il s’occupa de la balance de la bande originale du « Seigneur des Anneaux » de James Horner ! 

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9 juillet 2016 6 09 /07 /juillet /2016 13:16

Le lien entre un certain Michael Cox et Claude François… ? Si vous parvenez à faire le rapprochement entre les deux artistes, vous avez mon plus profond respect car vous connaissez alors l’univers musical de Claude François dans ses détails les plus infimes ! En réalité, Michael Cox est beaucoup mieux connu sous le nom d’Obie Clayton, l’auteur-compositeur et l’interprète initial de « Don’t Turn Your Back On Love » en 1978. Mais, à l’origine, Michael (qui nous a quittés pour un monde meilleur le 31 mars 2009 à l’âge de 60 ans) est un biographe et romancier anglais très apprécié puisque son premier ouvrage est consacré à M.R. James, un écrivain médiévaliste spécialisé dans les « Histoires de Fantômes » ! Malgré de très nombreux travaux de qualité, il doit attendre le crépuscule de son existence pour connaître un grand succès littéraire avec « La Nuit de l’infamie » (« The Meaning of Night »), un thriller de 600 pages édité en 2006 avec lequel il remporte de nombreuses récompenses dont le « Prix Costa », l’un des plus prestigieux en Angleterre. Mais ce que beaucoup ignorent encore à l’heure actuelle, c’est que Michael Cox s’est essayé à une autre discipline artistique : la musique. En 1971, après des études universitaires qu’il termine avec brio, il écrit des paroles de chansons et signe même des arrangements musicaux sur deux albums et quelques singles. C’est tout d’abord sous le nom de Matthew Ellis qu’il sort un album éponyme résolument rock sous le label EMI dont se dégage le très bon morceau « Avalon ».

Pour le second 33 tours qui paraît en 1975, il devient Obie Clayton pour 11 nouvelles compositions, cette fois-ci, sous DJM Records, desquelles se distinguent « Say You’re Sorry » et « Bad Loser », les deux plages titulaires des faces A et B. Sa carrière musicale continue avec 3 singles : « You Were The Life Of Me » (1976), « Blue Eyes » (1977) et, le titre qui nous occupe, « Don’t Turn Your Back On Love » (1978). 1978, précisément, l’année du renouveau et… de l’inconnu pour le plus grand chanteur pop français qui est à la croisée des chemins. Après sa folle et victorieuse immersion dans le Disco, l’Idole n’a plus qu’un objectif en tête : faire une escale en Angleterre avant de partir à la conquête des États-Unis… Parmi les morceaux inédits que Claude désire enregistrer (« Bordeaux Rosé », « Stop, Stop, Stop », « Without Your Love I Can’t Live »),  il soigne tout particulièrement « Don’t Turn Your Back On Love », la pépite d’Obie Clayton dont la structure mélodique le séduit au point de l’inclure également dans la tracklist d’un album… qu’il ne connaîtra pas puisqu’il aboutira chez les disquaires en juin 1978, quelques semaines après son tragique accident qui lui ôtera la vie.  Enregistré dans les mythiques et légendaires studios Abbey Road, superbement arrangé et dirigé par Don Gould (qui a collaboré, entre autres, avec Middle Of The Road, Carl Douglas, Sandie Shaw mais aussi… Jeane Manson), la chanson est un formidable plaidoyer pour l’amour éternel, un amour auquel il ne faut jamais renoncer, quoique l’on dise, quoique l’on fasse… Pour en revenir au morceau en lui-même, on peut le disséquer en cinq sections : une intro au piano sur laquelle la voix de Claude se dépose avec autant de délicatesse que de fermeté jusqu’à l’apparition d’une « lead guitar » à 46", laquelle précède de timides percussions et un chœur vocal à 1’06; une section de cordes enjolive la structure à 1’32 et annonce de splendides envolées lyriques qui englobent un pont musical de 2’22 à 2’47; enfin, un enrobage instrumental dans la dernière partie, agrémenté de cuivres, complète la voix de Claude qui se sublime dans les aigus pour ensuite presque se déchirer en apothéose. Avec ce titre et d’autres qui auraient pu s’ajouter, avec l’aide d’un trio de producteurs, Norman Newell, Roger Greenaway, à qui il avait déjà emprunté les originaux d’ « Il fait beau, il fait bon », « Amoureux du monde entier » et « Tu as tes problèmes, moi j’ai les miens », et Gil King, sans oublier Richard Armitage, son éditeur international qui l’avait connu lors de sa tournée au Canada 1970, nul doute que Claude François avait mis toutes les chances de son côté afin de réussir son incroyable pari…

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26 juin 2016 7 26 /06 /juin /2016 17:37

LE BLOG NOTE DE BERNIE

GÉNÉSIS : ABACAB (1981)

D’où vient le titre « Abacab » de Génésis ?… Surtout, restez attentifs, chers amis ! Le blog note de Bernie vous dévoile tout ! Le single sort le 14 août 1981 avec « Another Record », la dernière plage de la face B du 33 tours qui s’intitule également « Abacab » et qui paraîtra un mois plus tard. De ce dernier seront tirés trois autres singles emmenés par « No Reply At All », « Keep It Dark » et « Man On The Corner ». Le single « Abacab » ainsi que l’album recueillent immédiatement un très grand succès : en plus d’une critique élogieuse, le 33 tours est n° 1 au Royaume-Uni et sera double disque de platine aux Etats-Unis pour 2.000.000 d’exemplaires vendus. Génésis s’est admirablement bien remis du départ en 1975 de son leader charismatique, l’emblématique Peter Gabriel préférant se rediriger musicalement dans une carrière solo. En ce début des années 80, la célèbre formation composée par Phil Collins (chant, batterie et percussions), Tony Banks (claviers) et Mike Rutherford (basse et guitares) n’a jamais été aussi prolifique au niveau de la créativité. « Duke », leur précédent album paru à peine un an avant leur actuelle production, avait déjà remporté un large succès et avait montré, de par sa conception musicale, que le groupe avait choisi de se remettre en question avec la réussite que l’on sait. Avec « Abacab », Génésis va encore plus loin dans son introspection et son inspiration s’en trouvera décuplée. La formation n’a rien perdu de son pouvoir de créativité et de son génie musical : non seulement, elle revendique toujours son statut initial et arbore avec fierté l’étendard du rock progressif mais celui-ci a un son encore beaucoup plus recherché, mieux en phase avec les tendances de l’époque, et, surtout, elle apporte d’heureuses variantes pop/rock, voire totalement rock tout en gardant une réelle authenticité originelle. Venons-en maintenant aux racines de ce morceau. Nos trois amis sont réunis dans leur Q.G. à la Fisher Lane Farm à Chiddingfold, dans le comté du Surrey en Angleterre et ils sont en pleine séance de travail; les partitions et textes sont soigneusement décortiqués et chaque composante du morceau est analysée dans ses moindres détails. Lors d’une interview, Mike Rutherford explique comment le titre du morceau a été trouvé : « Nous avions fait des repères dans l’élaboration de la chanson à l’aide des trois premières lettres de l’alphabet a, b et c. En fait « Abacab » est le résultat de trois morceaux de musique que nous avons assemblés. Il se fait que nous avons désigné les sections par un « a » puis un « b », nous avons ensuite répété la section « a » pour la cohésion et puis nous avons poursuivi par une autre section appelée « c ». Tout à coup, je me suis aperçu que l’ordre des sections ainsi déterminées donnait l’ortographe « Abacab ». Finalement, il faut bien avouer que nous avons bafoué l’ordre préétabli mais nous avons décidé de garder « Abacab » pour donner un titre à ce morceau ». Le 33 tours retiendra une splendide version de 7’02 qui, bien évidemment, se verra prolongée sur scène. « Abacab » ? Vive Génésis !

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17 juin 2016 5 17 /06 /juin /2016 20:52

LE BLOG NOTE DE BERNIE

JULIO IGLÉSIAS : JE N'AI PAS CHANGÉ (1979)

S’il ne s’était pas cassé la jambe, serait-il resté gardien de but du Real de Madrid ? On ne le saura jamais à part qu’il se félicite de ce coup de destin pour connaître une brillante et lucrative carrière de chanteur qu’il continue toujours alors qu’il célèbrera bientôt son 73ème anniversaire le 23 septembre prochain… C’est la composition musicale qui le sauve de l’ennui et de son long rétablissement dans sa chambre d’hôpital. À longueur de journées, il écrit sans cesse avec pour objectif de se rendre dans les maisons disques dès qu’il sera capable de se déplacer, même avec des béquilles, pour leur proposer ses textes. Il signe chez Columbia Records chez qui il édite « Yo Canto » son premier album. En 1970, il représente l’Espagne au Concours Eurovision de la Chanson, avec « Gwendoline » et termine 4ème sur 12 pays participants, qui voit la victoire de Dana, la représentante de l’Irlande, avec « All Kinds of Everything ». En 1972, il connaît un premier grand véritable succès avec « Un Canto A Galicia » extrait de l’album « Por Una Mujer » qui assoit non seulement sa notoriété dans son pays d’origine mais également en Europe et plus particulièrement au Royaume-Uni où les petites anglaises ne restent pas insensible à sa voix chaude légèrement rocailleuse et à son physique de sportif. En 1973, sa popularité envahit l’Allemagne avec un premier album intégralement enregistré dans la langue de Goethe. Toujours en 1973, il publie « Soy » qui le propulse au rang de vedette sur le plan international. L’année suivante, il revient pour un nouveau disque afin de satisfaire ses fans germanophones pour ensuite toucher le marqué sud américain avec « Manuela » qui lui permettra également de percer en France avec l’appui de Claude François et Nicole Croisille qui seront parmi les premiers artistes français à le côtoyer sur les plateaux de télévision. À partir de 1976, il sera définitivement adopté par le public de l’Hexagone avec un premier 45 tours « Ce n’est qu’un au revoir » accompagné, en face B, du titre « Ne t’en vas pas je t’aime » coécrit par Pierre Delanoë et Laurent Rossi, le fils de Tino. Dès lors, Julio Iglésias se partagera entre son pays d’adoption et ses nombreux concerts à l’étranger qui lui feront connaître d’autres publics, lui qui parle couramment cinq langues. Récemment, il confiait qu’avec les années, il a découvert « que le sucre est mauvais et que l’on perd ses cheveux ». Mais il a aussi appris « à ne pas juger les gens, à ne pas se sentir coupable et à faire la différence entre la générosité et l’avarice ». Continuant à captiver les jeunes et les moins jeunes du monde entier, celui qui est l’artiste latin à avoir vendu le plus de disques au monde reste comme il a toujours été, direct, loquace, perfectionniste et imprévisible avec un sens de l’humour taquin. Surtout, Julio, ne change pas…

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9 avril 2016 6 09 /04 /avril /2016 13:49

http://cdn2.greatsong.net/album/extra/claude-francois-ya-le-printemps-qui-chante-112147743.jpg

Claude François n’est pas un rocker… Quoique ! Quand on écoute « Six jours sur la route », « On est qui, on est quoi », « Sacrée chanson » ou… « I’m leaving for the last time »,  superbe ode à la vie aux relents testamentaires qui devait être l’amorce d’un nouveau virage musical fort excitant, on ne serait pas aussi catégorique à l'affirmer. Bien évidemment, le « blondinet sautillant » ou le « chanteur à paillettes », comme aimaient le qualifier ses nombreux détracteurs, se cantonnait plutôt dans la chanson dite « populaire » mais il faut reconnaître (et les exemples ne manquent pas de le démontrer sans aucune forfanterie à son égard) que ses adaptations étaient bigrement bien foutues. Dans l’album de « Viens à la maison y’a le printemps qui chante » de juin 1972 figure, en dernière plage de la face B, une petite merveille qui aurait pu certainement être mieux mise en valeur pour sa profusion sonore et instrumentale, sa débauche d’énergie, sa pléthore vocale : c’est « Jésus-Christ Superstar », une adaptation de « Superstar » extraite de la comédie musicale créée par Andrew Lloyd Webber (« Evita », « Cats », mais aussi « Le Fantôme de l’Opéra ») et Tim Rice (outre « Evita », il s’investira, entre autres, dans « Tycoon », la version anglaise de « Starmania » et collaborera avec Elton John pour « Le Roi Lion »). La version originale est interprétée par Murray Head (qui triomphera plus tard avec deux énormes hits, « Say It Ain’t So » en 1975 et « One Night in Bangkok », une composition des célèbres Benny Andersson et Björn Ulvaeus du groupe Abba, en 1984) brillamment accompagné par les Trinidad Singers. La chanson fait son apparition dans le Top 100 du Billboard fin janvier 1970 et est l’une des rares à sortir et à réintégrer le classement trois fois de suite pour atteindre son pic entre la fin mai et début juin 1971 à une excellente 14ème position ! Malheureusement, la version française ne connaîtra pas un aussi grand retentissement malgré sa très bonne qualité d’ensemble et ses arrangements de haute facture (soulignons, encore une fois, le remarquable travail orchestral de Raymond Donnez !). La prestation vocale de Claude François vaut assurément que l’on s’y attarde. Son timbre est clair, solide, avec une parfaite maîtrise de la partition. Claude s’appuie sur… son exceptionnelle condition physique afin d’accomplir une performance vocale de premier choix ! Eh oui, prenons conscience que de nombreux muscles comme ceux de la poitrine, du cou… mais aussi de la langue (et surtout de son positionnement !) sont sollicités. Le chant impose et nécessite de la technique; Claude en utilise tous les rudiments pour relâcher ou resserrer ses cordes ou même pour en modifier leur volume selon l’intensité musicale de la mélodie (« Comme d’habitude », « Rien, rien, rien », « Dans les orphelinats », « Éloïse », « Un homme libre », « Bernadette », « Réveille-moi », « Je chante pour les gens qui s’aiment », « Le Chanteur Malheureux », « Le spectacle est terminé », « Les anges, les roses et la pluie », « Sacrée chanson », « Rubis », « I’m leaving for the last time » pour ne citer que les plus exigeantes sur le plan vocal). La technique de la respiration (tributaire de la cage thoracique et, par conséquent, du souffle qu’elle peut emmagasiner) est également très importante et, dans ce domaine, Claude présente d’irréprochables dispositions, encore une fois, sur le plan physique. Les critères de positionnement de la gorge et d’ouverture de la bouche n’ont, de plus, aucun secret pour lui, il sait comment s’y prendre afin que les registres soient différents. Enfin, il a la particularité d’utiliser les mécanismes de voix de poitrine et de voix de tête avec toute la justesse requise par la composition musicale. Claude François est l’un des rares chanteurs en France à pouvoir posséder toutes ces vertus qui lui permettent d’interpréter, avec une troublante aisance, des standards dans des genres musicaux aussi diversifiés que le Country, la Pop, la Soul, le Rhythm’n’blues et même le… Jazz qu’il pratiqua avant de connaître la célébrité ! Pour en revenir à la question strictement musicale, si les moyens instrumentaux utilisés pour l’enregistrement de la version française ne sont pas dédaignables, loin de là (l’introduction est déjà impressionnante avec une abondance de cuivres et de timbales vivaces, une guitare électrique bien mise en évidence et un piano qui prennent le relais, la suite se composant d’un déferlement de sons qui s’entrechoquent et se juxtaposent admirablement avec la voix de Claude qui s’enflamme sur un tempo accéléré dans la finale du morceau), l’original bénéfice de l’apport d’un véritable orchestre symphonique auquel vient se fondre « The Grease Band », une formidable section rythmique qui participa à l’éclosion de l’album live « Mad Dogs & Englishmen » de Joe Cocker et qui, d’ailleurs, l’accompagna durant le Festival de Woodstock en août 1969. Enfin, pour terminer, signalons que « Jésus-Christ Superstar » fit l’objet d’un pressage 45 tours au Portugal en 1972… encore aujourd’hui très recherché et convoité par des collectionneurs prêts à mettre la main au portefeuille !

JÉSUS-CHRIST SUPERSTAR

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30 mars 2016 3 30 /03 /mars /2016 15:10

Le 45 tours du « Lundi au soleil » ayant extrêmement bien marché, que ce soit au niveau des ventes ou de la diffusion dans les radios, Claude désire ardemment confectionner un nouveau simple en ce début 1973 avant de se consacrer au titre qui devrait servir de « locomotive » au prochain album prévu pour les prémices de l’été.  Si « Celui qui reste » s’impose comme une évidence (mélodie certes un peu simpliste mais ô combien terriblement efficace) et s’il répond à une demande de son public friand de chansons romantiques et langoureuses (de plus, et ce n’est pas négligeable sur le plan créatif, c’est un original à l’instar de… 7 morceaux sur les 12 qui composent l’album !), la face B se doit d’être plus rythmée et ne doit en aucun cas s’assimiler à un ersatz musical de la face A. Bref, il faut que ça bouge, qu’il y ait de l’entrain, du dynamisme, un bon tempo et un seul morceau, autre que « Belinda », ne peut que réunir tous ces subtils ingrédients : « Une fille et des fleurs », une très bonne adaptation du fabuleux « You Can’t Hurry Love » issu du plantureux catalogue Tamla Motown et initialement interprété par The Supremes en 1966. Jean Schmitt, déjà parolier pour « Celui qui reste », est à l’origine d’un texte qui dégage une belle fraîcheur et qui racontent des souvenirs d’amours déçus sur fond de vacances qui s’achèvent… L’original, lui, exprime des mots d’encouragement d’une mère à sa fille en lui conseillant de ne pas chercher l’amour vaille que vaille mais plutôt de prendre patience car il se présentera le moment venu. Brian Holland, Lamont Dozier et Eddie Holland, le trio de compositeurs à la base de la création de « You Can’t Hurry Love », s’inspirera d’un Gospel des années 50 afin d’en écrire le texte mais aussi pour en définir la couleur musicale comme dans bon nombre de morceaux de Soul et de Rhythm’n’blues. Dès sa sortie, la chanson se classe n° 1 au Billboard américain et le restera pendant deux semaines. Elle remportera également un grand succès en Grande-Bretagne puisqu’elle s’emparera de la 3ème place. D’un point de vue rythmique, l’adaptation de Claude se veut très respectueuse de la version originale et Raymond Donnez, dans sa direction orchestrale, n’omettra pas d’y inclure la section de violons que l’on retrouve d’ailleurs également dans la reprise de Phil Collins en 1982 avec, comme il le qualifiera lui-même, un son plus « sophistiqué », sans toutefois se départir de celui qui était en vogue dans les 60’s et en s’attachant à reproduire la même densité au niveau des percussions. La position d’ « Une fille et des fleurs » juste après « Belinda » au sein de la face B de l’album de Cloclo peut prêter à discussion pour une question d’équilibre ou de désignation d’un titre dans la perspective de la parution d’un nouveau simple. En effet, « Celui qui reste » aurait dû logiquement se situer à cette place, succédant à « Belinda », et la chanson qui nous occupe, quant à elle, se devant être plus loin dans la hiérarchie de la tracklist. Tout cela n’est finalement qu’une question de goût mais laisse supposer que les choix de « Celui qui reste » et d’ « Une fille et des fleurs » en vue du second 45 tours de l’album ont été opérés non pas avant la sortie de celui-ci en décembre 1972 mais bien après…

Pour la petite histoire, précisons enfin qu’ « Une fille et des fleurs » ressortira en 1990 sous le label CBS, en format 45 tours, cette fois-ci en face A, avec… « Le lundi au soleil » en face B ! Le recto de la pochette mentionne (sic) « A l’heure ou d’autres………, CBS, fidèle à la volonté du public et de ses proches, est fier de garder l’esprit des chansons de Claude François en rééditant ce 45 tours où les titres sont initialement sortis en 1972 (la reprise du classique des « Supremes » « You Can’t Hurry Love » et l’inoublialble « Lundi au soleil »). La qualité des enregistrements de Claude François est beaucoup plus jeune, moderne et fraîche – donc indémodable – que la vogue des remix disponibles actuellement. CBS remercie les programmateurs qui sauront reconnaître que le réel génie de Claude François réside dans le mariage des orchestrations originales et de sa voix chaude et dynamique qui plaît tant au public ». Tout est dit !

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23 mars 2016 3 23 /03 /mars /2016 21:18

Non, il n’est pas trop tard (et il ne le sera jamais) pour évoquer cette très bonne chanson qui occupe franchement bien sa place (ou sa plage !) au cœur de la face A du 17ème album de Claude François paru en décembre 1972. Emmené par « Le Lundi au Soleil » qui trône en haut de la liste (c’était à l’époque un rituel immuable, ce ne l’est plus forcément de nos jours, selon le souhait de l’artiste ou même les desiderata de la maison de disques), le morceau est confortablement « installé » entre « On ne choisit pas » et « Qu’on ne vienne pas me dire », d’autres valeurs sûres de l’album. Ce pur « Pop/Rock » aurait-il pu figurer sur un 45 tours ? Pourquoi pas ! Pour sa structure et son originalité, il n’a rien à envier aux autres titres, encore moins à ceux qui ont le privilège d’être promus sur ce type de support (« Le Lundi au Soleil » et « Belinda », deux incontournables; « Celui qui reste » et « Une Fille et des Fleurs », en février 1973, qui sont bien plus que des « faire valoir »). Quelle est l’origine de cette adaptation ? À la base, le titre original fut puisé dans le catalogue de Jim Capaldi (décédé le 28 janvier 2005 à l’âge de 60 ans) qui faisait partie de la formation rock Traffic. Celle-ci comptait en ses membres Steve Winwood (multi-instrumentiste mais qui joue principalement de l’orgue dans la version originale) qui venait du Spencer Davis Group, le saxophoniste Chris Wood (décédé le 12 juillet 1983 à… 39 ans) qui travailla, notamment, avec Jimi Hendrix et le très talentueux guitariste Dave Mason qui collabora également avec Hendrix mais aussi avec Éric Clapton, George Harrison et les Rolling Stones dont les trajectoires artistiques et musicales intéressaient Claude au plus haut degré. À l’affût de nouvelles rythmiques ou couleurs musicales pour son album, Claude est littéralement séduit par « Eve », une composition de Jim Capaldi, extraite de son album « Oh How We Danced », que ce dernier enregistra en décembre 1971 et qu’il fit paraître en février 1972… quelques 10 mois avant la sortie de son propre album. Ce délai laisse à Claude suffisamment de temps pour revoir la conception du morceau, ce que l’on peut en tirer, ce qui peut être modifié aussi ou, encore mieux, amélioré. Et il ne va pas se gêner dans la mesure où, par rapport à la version originale où le refrain est instrumental avec un orgue qui domine, Claude demande, au contraire, à Eddy Marnay d’y inclure des paroles avec, en fond musical, non seulement l’orgue (qui fait déjà son apparition avant le refrain) mais aussi des percussions et… des cuivres ! Quant à la voix de Claude, elle est accompagnée de chœurs bien présents et à 2’37, on la perçoit même une tierce plus haute. D’autre part, dans les deux versions, le piano est l’instrument qui prime au début du morceau. Dans l’original, la voix de Jim Capaldi se fait entendre presqu’instantanément, tandis que dans l’adaptation de Cloclo, préfigure une courte intro musicale de 4". Enfin, question durée, l’original supplante le cover d’une vingtaine de secondes. Enfin, si Capaldi privilégie plus l’aspect rock, Claude, par contre, met l’accent sur le côté pop…  D’ailleurs, ne dit-on pas qu’il est le chanteur le plus « pop » de sa génération ?

SOUDAIN IL EST TROP TARD
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19 mars 2016 6 19 /03 /mars /2016 19:03

Pour clôturer son album de l’été 75, Claude François va enregistrer une grande chanson qui symbolise l’apothéose d’un travail d’une équipe qui a réuni, outre l’inévitable Jean-Pierre Bourtayre, Eddy Marnay, Yves Dessca, Jean-Michel Rivat, Martial Carcélès et Michel Renard. Cloclo est satisfait des séances d’enregistrement supervisées par le fidèle Bernard Estardy (surnommé affectueusement « Le Géant » pour sa grande taille… 2,05 m !) et son assistant complice Jean-Louis Proust. Derrière sa console, Bernard est intraitable, il recherche toujours la perfection… Et dans ce domaine, vous le devinez, il s’entend très bien avec l’artiste. 10 chansons sont déjà « dans la boîte », une toute dernière fera l’affaire et il faut finir en beauté. Ce ne sera pas une « petite » chanson de remplissage, ce ne sera pas non plus n’importe laquelle… Pourtant, la tracklist du 33 tours, telle qu’elle a été définie, regorge de tubes potentiels. Enregistrée plus tôt, « Toi et moi contre le monde entier » fait un tabac sur toutes les radios. Le 45 tours, paru au mois de mars, a le bon goût de contenir un autre morceau de qualité : « Soudain il ne reste qu’une chanson », l’adaptation très réussie d’ « I’ll Be Around », de Thom Bell et Phill Hurtt, qui avait déjà fait un carton outre Atlantique, par les Spinners, fin 1972. Ces deux titres, incontestablement, feront partie du 30 cm mais Claude compte également sur d’autres chansons comme « Le Chanteur Malheureux » ou « Il ne me reste qu’à partir » pour en faire exploser les ventes. Le premier titre, en plus d’être un original français, possède une très belle ligne musicale à laquelle ont collaboré Martial Carcélès et Jean-Pierre Bourtayre; pour les paroles, ce sont Michel Renard et Jean-Michel Rivat qui ont recueilli les souhaits de Claude afin qu’il reflète ses propres sentiments actuels car, dans la continuité du « Mal Aimé », il craint toujours de ne plus être écouté ni adulé. Pour le second, Claude a choisi d’adapter un pur Country « made in States », « I’m Leaving It (all) Up To You » de 1957. Ces deux morceaux feront l’objet également d’un single qui précèdera de peu l’album qui, lui-même, sera suivi de la réédition du « Chanteur Malheureux » avec le beaucoup plus « populaire » « Joue Quelque Chose de Simple » qui s’avérera un choix plus judicieux… Claude est confiant du succès de son nouveau disque car il est très « varié » musicalement. Du Country américain, de la Pop anglaise, du Soul et du Rhythm’n’blues : la recette est savamment dosée pour qu’elle soit appréciée par ses fans les plus irréductibles. Mais voilà, il y a cette dernière chanson dont le titre angoisse Claude… « Le Spectacle est Terminé » qui propose une structure mélodique splendide pour laquelle les arrangements ont été particulièrement soignés. On n’attend plus que la voix de Claude. Son interprétation impeccable et profonde sera à la hauteur de la richesse instrumentale du morceau dirigé, avec beaucoup de brio sur le plan orchestral, par Jean-Claude Petit. Ce sera une grande réussite. Eddy Marnay et Claude François livrent un texte somptueux qui passe d’un univers carrément « kafkaïen » (« Vois, la lune est au grenier, Les étoiles sont décrochées »/« Brûler ton Arlequin, Être une femme ») à une vérité concrète, qu’il vit au quotidien (« Payer les musiciens, Sans faire de drame »/ « Ce ne sont pas les projecteurs, Qui sont les vrais soleils du cœur »)…  Du rêve de la scène, le chanteur tombe dans le désarroi quand « le rideau est tombé »… Exceptionnellement, la chanson figurera en face B de l’excellent « Où s’en aller » qui paraîtra en octobre 75 et près de 200.000 exemplaires seront vendus en un mois ! Mais comme pour l’oublier ou pour conjurer ce mauvais présage, Claude n’interprétera plus jamais « Le Spectacle est Terminé », ni dans une émission télévisée, ni… en public ! Car, pour Claude, la tradition veut que le spectacle continue… dans la fête !

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12 mars 2016 6 12 /03 /mars /2016 22:16

Fin août 1975… Claude François termine sa traditionnelle tournée d’été et depuis un certain temps, il songe à une autre chanson d’ouverture pour ses galas à la rentrée… Il est vrai que « Cherche » a déjà été bien « rodée » depuis sa sortie en juillet 1969. Ce très bon morceau de soul/Rhythm’n’blues, issu de l’original « Show Me » de Joe Tex, lui a rendu bien des services pour démarrer à fond la (grosse) caisse (ou caisse claire) ses récitals et conquérir, d’emblée, son fidèle public. Cette chanson, dont l’instrumentation est composée d’une puissante section de cuivres, a un tel pouvoir de fascination auditive qu’elle a le don de captiver instantanément la foule et… qu’elle développe une irrésistible hystérie surtout chez la gente féminine, gage d’une ambiance survoltée et incomparable ! Il faut donc une autre chanson qui présente les mêmes qualités et qui, aidée par une orchestration spécifique au « live », peut avoir une efficacité aussi captivante. Dans son 33 tours fraîchement paru, seul un titre est susceptible d’être le digne successeur de « Cherche » : c’est la seconde plage « Six jours sur la route ». En plus, son texte est en parfaite adéquation avec le parcours d’un artiste sur l’itinéraire de ses galas. Claude choisit donc ce morceau et convie ses musiciens à travailler la rythmique afin qu’il soit apte à « emmener » son show… Mais d’où vient cette excellente adaptation ? L’original, composé par Earl Green et Carl Montgmorey, fut popularisé par Dave Dudley en mai 1963 alors que le morceau avait été initialement interprété et enregistré par un autre chanteur de Country, Paul Davis, en septembre 1961. Après la version de Dudley, la chanson sera reprise, notamment, par d’autres grands artistes comme Taj Mahal en 1969, Johnny Cash en 1970 et Johnny Rivers en 1974. Quant à l’adaptation française qui nous intéresse ici, le texte est écrit par Yves Dessca (qui travailla également sur « La vie d’un homme », un autre extrait du même 33 tours emmené par le hit « Toi et moi contre le monde entier »). Ce dernier s’inspire des paroles originales et les transpose aux événements et aux sentiments que Claude, lui-même, peut connaître dans sa propre vie de chanteur ou qu’il peut vivre à un moment donné de l’un de ses concerts. Si la version originale est un pur « Country », le cover de Cloclo est résolument plus rock grâce à la fantastique direction de Jean-Claude Petit. L’intro de 11 secondes est déjà une petite merveille musicale en soi : une guitare acoustique énergique suivie d’une guitare électrique, saupoudrée d’un superbe glissando au piano (technique qui consiste à faire ruisseler les notes en cascade en faisant glisser la main sur le clavier. Très spectaculaire, elle est utilisée dans de nombreux styles de musique, en rock et en blues notamment, mais aussi en musique classique) avec, en conclusion, la reprise de batterie qui précède la voix de Claude. Le tempo mélodique général est très soutenu et le piano, très présent, constitue l’instrument conducteur de ce morceau. Enfin, signalons qu’une section de cuivres fera son apparition à partir de 1'30. Malheureusement, à l’exception de prestations scéniques pour lesquelles la rythmique sera encore beaucoup plus accentuée et la durée réduite à un peu plus de deux minutes (avec une intro frisant la minute et l’impasse sur un couplet), Claude ne reprendra jamais la chanson au cours d’une émission télévisée. Je vous propose donc de découvrir la première interprétation de « Six Days On The Road » par Paul Davis suivies des versions de Dave Dudley, Taj Mahal et Johnny Rivers, ce dernier en live. Cerise sur le gâteau, je vous invite à écouter, après l’enregistrement studio de la version française par Cloclo, le « live » lors de son concert à Wavre en Belgique, le 15 mai 1976, dans le cadre de l’inauguration du Parc d’attractions Walibi ! 

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