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6 avril 2011 3 06 /04 /avril /2011 19:45

Fervents aficionados de musiques de films, cet « INTERMEZZO Spéciale Soundtracks » est pour vous. 5 étoiles pour 5 talentueux compositeurs…

DANNY ELFMAN

Le premier à être sous les feux des projecteurs est Danny « Batman » Elfman. Il se fait connaître en 1980, pistonné par son frérot Richard pour les besoins de son film « Forbidden Zone ». Pourtant, il devra attendre cinq longues années avant que Tim Burton lui commande la musique de « Pee-Wee Big Adventure ». Tim deviendra son réalisateur fétiche car Danny va commencer à être de plus en plus sollicité. Après la composition de la bande originale de « Wisdom » d’Émilio Estévez en 1986, il écrira la bagatelle de quatre musiques de films pour l’année 1988 dont « Beetlejuice » pour Burton qui, l’année suivante, l’embrigade pour « Batman », le film le plus attendu surtout par les fans des aventures du justicier masqué de Gotham City. Pour accompagner l’affrontement entre Batman et son pire ennemi, le Joker, Danny Elfman crée une partition de toute beauté qui, je pense, aurait pu lui valoir un Oscar. C’est à une véritable œuvre symphonique qu’il nous convie et je vous propose d’écouter trois somptueux extraits : « Attack Of The Batwing », « Up The Cathedral » et « The Final Confrontation » qui traduisent parfaitement la magnificence de son travail.

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En 1990, il récidive avec 4 nouvelles musiques de films dont « Edward aux mains d’argent » du fidèle Tim Burton pour qui, à nouveau, en 1991, il signe la musique de « Batman, le défi » dont j’extrais le fabuleux « Face To Face » interprété par Siouxie & The Banshees.

face to face

Suivent ensuite, entre autres, les compositions pour « Sommersby » de Jon Amiel (1993), « Mission : Impossible » de Brian De Palma et « Mars Attacks ! » de Tim Burton (1996), « Men In Black » de Barry Sonnenfeld, « Will Hunting » de Gus Van Sant et « Scream 2 » de Wes Craven (1997), « Instinct » de Jon Turteltaub (1998), « Sleepy Hollow, la légende du cavalier sans tête » de Tim Burton (1999) qui l’emploie pour le remake de « La Planète des Singes » (2001). En 2002, il s’occupe d’écrire une nouvelle musique pour un héros masqué en la personne de « Spider-Man » sous la direction de Sam Raimi (il se chargera des deux suites en 2004 et 2007, la troisième avec l’aide de Christopher Young). Trois autres films s’ajouteront la même année à son prestigieux palmarès : « Men In Black 2 » de Barry Sonnenfeld, « Dragon Rouge » de Brett Ratner, le 3ème volet des tribulations sanguinolentes d’Hannibal le cannibale et « Chicago » de Rob Marshall. Le carnet de commandes ne désemplit pas pour les années suivantes : « Hulk » d’Ang Lee (2003), « Big Fish » de Tim Burton (2004) qui l’enrôle l’année suivante pour « Charlie et la chocolaterie » ainsi que pour son film d’animation « Les Noces Funèbres ». 2008 sera, encore une fois, une année prolifique avec 4 longs métrages dont « Wanted : Choisis Ton Destin » de Timur Bekmambetov et « Harvey Milk » de Gus Van Sant. En 2009, il remet le couvert avec 4 nouvelles musiques de films dont « Terminator Renaissance » de McG, le 4ème volet de la célèbre saga. Ses trois dernières réalisations en 2010 ont été pour « Alice in Wonderland » de Tim Burton, « The Wolfman » de Joe Johnston et « Les Trois Prochains Jours » de Paul Haggis. À bientôt 58 ans (il les fêtera le 29 mai), Danny est l’époux de Bridget Fonda avec qui il a eu un fils Olivier.

TREVOR JONES

De Trevor Jones, originaire d’Afrique du Sud et ayant opté pour la nationalité anglaise après avoir fréquenté, durant les années 60, la Royal Academy of Music de Londres (il a fêté ses 62 ans le 23 mars), nous écouterons trois splendides musiques de films, par ordre chronologique : « Le Dernier des Mohicans » (1992) du réalisateur Michael Mann, « Cliffhanger » (1993) de Renny Harlin et « Loch Ness » (1996) de John Henderson.

mohicans

C’est à l’âge de 32 ans qu’il fait sa grande entrée dans le monde du cinéma avec « Excalibur » de John Boorman en 1981. Il enchaîne, l’année suivante avec « Dark Crystal » de Jim Henson. Parmi ses créations les plus probantes, signalons « Angel Heart «  (1987) et « Mississippi Burning » (1989) d’Alan Parker, « Mélodie Pour Un Meurtre » (1990) d’Harold Becker, « Bad Influence » (1990) de Curtis Hanson, « Arachnophobie » (1991) de Frank Marshall, « Freejack » (1992) de Geoff Murphy, « Au Nom du Père » (1994) de Jim Sheridan, « Kiss Of Death » (1995) de Barbet Schroeder, « Richard III » (1996) de Richard Loncraine, « Les Virtuoses » (1997) de Mark Herman, « À Armes Égales » (1998) de Ridley Scott, « L’enjeu » (1998) de Barbet Schroeder et « Coup de foudre à Notting Hill » (1999) de Roger Michell. Dans les années 2000, ses compositions se limitent notamment à « Molly » (2000) de John Duigan, « Treize Jours » (2001) de Roger Donaldson, « From Hell » (2002) d’Allen Hughes, « Crossroads » (2002) de Tamra Davis, « La Ligue des Gentlemen Extraordinaires » (2003) de Stephen Norrington, « Le Tour du Monde en 80 Jours » (2004) de Frank Coraci et sa dernière sollicitation en date a été pour « Chaos » de Tony Giglio en 2006. Cependant, c’est bien avec les trois musiques de films proposées que Trevor Jones aura le plus de succès. Le thème principal du « Dernier des Mohicans » est tout bonnement splendide. Cet alliage grandiose de cordes, sur un air typiquement indien, qui forme la base de la ligne mélodique, est vraiment très impressionnant et très grisant à entendre.

cliffhanger

La partition de « Cliffhanger » est magnifique également. Le thème principal est prodigieux, on revit les exploits de Stallone dans ses vertigineuses ascensions et la beauté ô parfois cruelle des hautes montagnes. Quel lyrisme, quel envoûtement pour l’auditeur ! Une conduite musicale irréprochable et un travail d’orfèvre !

loch ness


Enfin, prosternons-nous devant cette véritable œuvre symphonique composée pour le formidable « Loch Ness » où l’on finit par croire à l’irréel, au sensationnel, à la présence de Nessie qui a fait du lac mythique sa tanière pour l’éternité… Une musique très aérée qui vous fait littéralement planer… à la recherche du gentil monstre et de sa petite famille ?

ALAN SILVESTRI

Alan Silvestri n’est plus non plus un novice en la matière… Né le 26 mars 1950 à New York, son nom est associé à celui de Robert Zemeckis pour qui il a composé les musiques d’ « À la poursuite du diamant vert » (1984), des 3 films « Retour vers le futur » (1985, 1989 et 1990), « Qui veut la peau de Roger Rabbit » (1988), de « Forrest Gump » (1994), « Le Pôle Express » (1994), « Contact » (1997), « Seul au monde » (2000), « Apparences » (2000) et tout récemment, en 2009, du « Drôle de Noël de Scrooge ». Avant de venir au cinéma, Alan s’était illustré en participant à l’écriture de musiques d’accompagnement de scènes pour 2 séries TV : « CHiPs » (1979) et « Manimal » (1983). Il lui est arrivé d’écrire pour de purs navets comme « Par où t’es rentré ? On t’a pas vu sortir » (1984) de Philippe Clair, « Les Chester en Floride » (1985) de Carl Reiner, « Arrête ou ma mère va tirer » (1992) de Roger Spottiswoode (qui se rattrapera en réalisant un « James Bond »), « Super Mario Bros. » (1993) de Rocky Morton, « Judge Dredd » (1995) de Danny Cannon… On pourrait en citer d’autres pour se rendre compte que, malheureusement, beaucoup de travail est passé inaperçu… Mais venons-en cependant au meilleur avec trois excellentes compositions : « Abyss » (1989) de James Cameron, « Le retour de la Momie » (2001) de Stephen Sommers et « Le Pôle Express » déjà repris plus haut. 

abyss

La composition pour « Abyss » est une petite merveille en soi avec tous les ingrédients pour le pittoresque des profondeurs marins (chœurs bien présents, cuivres et cordes grandiloquents à profusion, timbales bien mises en valeur), celle pour la suite de « La Momie » pour laquelle Silvestri a effectué un remarquable travail d’une précision inouïe (au préalable, il a dû « étudier » minutieusement la partition écrite pour le premier film par le regretté Jerry Goldsmith afin non pas de la calquer mais bien la « recréer » en apportant les variantes nécessaires à son nouvel épanouissement musical) et enfin, pour ma part, son chef-d’œuvre, la plus belle musique qu’il ait jamais écrite est pour le magnifique « Pôle Express » où le plus merveilleux des contes de Noël est narré : un train magique qui déboule dans une neige scintillante, sorti de nulle part, qui transporte des enfants vers le refuge du Père Noël, l’enseignement de valeurs essentielles comme l’amitié, écouter et regarder avec son cœur d’enfant et surtout… croire ! Là aussi, on atteint les sommets dans le travail d’écriture, c’est d’un classicisme évident à l’état pur. La musique « colle » parfaitement aux différentes scènes à la foi tendres, émouvantes et… burlesques à souhait (celle avec le « chocolat chaud » !).

momie 2

polar

Pour conclure ce chapitre consacré à Silvestri, citons encore quelques bandes originales parmi les plus célèbres : les deux « Predator » de John Mc Tiernan (1987) et Stephen Hopkins (1990), « Le Père de la Mariée » (1991) et « Le Père de la Mariée 2 » (1995) de Charles Shyer, « Bodyguard » (1992) de Mick Jackson, « L’Effaceur » (1996) de Chuck Russel, « Volcano » (1997) de Mick Jackson, « Lara Croft : Tomb Raider, le berceau de la vie » (2003) de Jan de Bont, « Van Helsing » (2004) de Stephen Sommers, les deux films « La Nuit au Musée » (2006 et 2009) de Shawn Levy et « L’Agence tous risques » (2010) de Joe Carnahan.

PATRICK DOYLE

Tout comme Tim Burton et Robert Zemeckis, l’acteur-réalisateur britannique Kenneth Branagh sait qui appeler quand il a besoin d’une musique de film : il compose sur son cadran téléphonique le numéro de Patrick Doyle. Ce dernier lui a offert les musiques de : « Henry V » (1989), « Dead Again » (1991), « Frankenstein » (1994), « Hamlet » (1996), « Peines d’amour perdues » (2000), « As You Like It » (2006), « Le Limier (Sleuth) » (2007) et « Thor » (2010). Mais Patrick Doyle a un autre nom dans son carnet de contacts en la personne du fidèle réalisateur français Régis Wargnier pour qui il a créé les bandes originales d’ « Indochine » (1992), « Une Femme Française » (1995), « Est-Ouest » (1999), de « Man to Man » (2005), « Pars vite et reviens tard » (2007) et « La Ligne Droite » (2011). Né le 6 avril 1953 à Uddingston en Écosse, Patrick Doyle a orienté ses études musicales dans l’apprentissage du piano et du chant. Avant d’écrire pour le cinéma, il s’était illustré à la radio, au théâtre et à la télévision. Nominé à deux reprises pour un Golden Globe Award pour « Dead Again » (1993) et « L’Impasse «  (1995) de Brian De Palma, Patrick Doyle a « frôlé » l’Oscar pour « Raisons et Sentiments » (1995) d’Ang Lee.

indochine

De cet excellent compositeur, je vous propose d’entendre le somptueux thème principal d’ « Indochine » (d’harmonieux chœurs auxquels se succède une très belle partition garnie principalement de cuivres, cordes et percussions judicieusement entremêlés), la terrifiante composition de « Frankenstein » dont les variations sont parfaitement dosées entre les scènes romantiques (le mariage de Victor et d’Elisabeth, le superbe morceau « The Wedding Night ») et dramatiques décrivant le rêve fou d’un Docteur obsédé à défier la mort qui vire au cauchemar.

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sense

Nous terminerons par « My Father’s Favourite » de « Sense and Sensibility (Raisons et Sentiments) » où Patrick Doyle nous fait chavirer avec de magnifiques couleurs lyriques. Ne négligeons pas d’autres travaux de Patrick Doyle, notamment pour « Mrs. Winterbourne » (1996) de Richard Benjamin, « Le journal de Bridget Jones » (2001) de Sharon Maguire, « Harry Potter et la Coupe de Feu » (2005) de Mike Newell pour lequel il eut la difficile tâche de succéder à John Williams qui avait signé les partitions des trois premiers films, « Eragon » (2006) de Stefen Fangmeier et « L’Île de Nim » (2008) de Jennifer Flackett et Mark Levin.

MIKE BATT

L’univers de Mike Batt est beaucoup plus diversifié : ce musicien bourré de talents a touché à tout. À la fois chanteur, compositeur, producteur et chef d’orchestre, Mike Batt a réussi à s’imposer dans toutes ces disciplines. Mais c’est à la branche « cinéma » que je m’attarderai dans le cadre de cet article. Et c’est à l’unique et seule musique du film « Caravan » (1978) de James Fargo qu’est consacré ce dernier chapitre. Et quelle musique ! Quelle splendeur, quelle volupté ! Savamment interprété par The London Philharmonic Orchestra sous sa direction, Mike Batt a signé là une partition d’une beauté inqualifiable. D’une très grande précision et d’une justesse infaillible, il n’y a vraiment aucun reproche à attribuer sur les 14 plages qui garnissent cet album paru chez CBS en 1978. De cette fabuleuse musique de film, nous entendrons le « Main Title », « The Caravan Song » par Barbara Dickson et, enfin, « Theme From Caravans », un arrangement qui avait été concocté spécialement pour la dernière plage de l’album. 

caravan

C’est un travail en tous points remarquable, les instruments ont de très belles sonorités et la direction de Mike Batt est impeccable de bout en bout. Tout d’abord, il y a la très jolie voix de Barbara Dickson sur « Caravan Song » qui clôt la face A du 33 tours de l’époque. Ensuite, il faut souligner les formidables prestations des musiciens suivants qui sont exceptionnels : le génial Ray Cooper (qui a accompagné tout récemment Elton John en tournée) et le non moins talentueux Chris Karan sur un ensemble de percussions ethniques telles que représentées ci-dessous, John Leach au Santur (instrument typique du Moyen-Orient appartenant à la famille des cithares sur table), Keith Thompson au Shawm (sorte de flûte-chalumeau qui est un instrument provenant du Moyen-Âge, l’ancêtre du hautbois).

ethnic percussion

Aux flûtes ethniques et à l’Ocarina, Chris Taylor et Adrian Brett sont impériaux. Les Oud (sorte de luth, instrument à 6 ou 7 rangs de cordes originaire du Moyen-Orient) et Bouzoukis (répandus en Grèce, dérivés du turc Bozuk ayant trait aux instruments de la même famille, à la fois turque et arabe) sont joués admirablement par Dick Abel et Alan Parker. Enfin, c’est Johnny Derrick que l’on entend au violon ethnique. Tout ce joli petit monde est habilement orchestré par Mike Batt avec l’aide de David Nolan et Jack Wright. « A Songwriter’s Tale » de 2008 est la dernière production discographique officielle en date de Mike Batt (62 ans), enregistrée avec le Royal Philharmonic Orchestra et les concours de Ray Cooper, Henry Spinetti et Chris Spedding. Mike Batt a aussi produit Vanessa Mae en 1995 et est à l’origine de l’éclosion de la chanteuse de blues et de folk-pop d’origine géorgienne Katie Melua.

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5 février 2011 6 05 /02 /février /2011 19:37

JB4

Question facile : quel est le point commun entre John Barry et James Bond, le héros d’Ian Fleming ? Ils ont les mêmes initiales, pardi ! Rien que par cette banale coïncidence, le destin du compositeur était irrémédiablement lié aux aventures de l’agent 007 ! Même s’il a dû mettre le fameux thème de Monty Norman à toutes les sauces, il faut bien avouer que Barry a joué un rôle considérable dans le succès de la saga. L’orchestration des scènes d’action était rondement menée et il était aussi palpitant d’assister aux divers exploits de Bond que d’écouter la musique… John Barry est donc crédité au générique de 11 James Bond :

JB DR NO

1962 : « Dr No » (« James Bond contre Dr No ») uniquement pour l’orchestration de la scène finale, le reste de la bande originale ayant été attribuée à Monty Norman (John Barry et Monty Norman se retrouveront même, à deux reprises, devant la Cour de Justice pour la reconnaissance et le partage de leurs droits respectifs dans le thème créé par Norman et maintes fois arrangé par Barry);

JB-RUSSIA.jpg

1963 : « From Russia with Love » (« Bons Baisers de Russie ») avec une nomination aux Golden Globe Awards pour la meilleure chanson de film composée par Lionel Bart et interprétée par Matt Monro);

JB GOLDFINGER

1964 : « Goldfinger » (chanson interprétée par Shirley Bassey sur une musique de Barry avec des paroles d’Anthony Newley et Leslie Bricusse, des auteurs ayant travaillé, entre autres, pour Sammy Davis Jr et Tony Benett);

JB THUNDERBALL

1965 : « Thunderball » (chanson interprétée par Tom Jones sur une musique de Barry et des paroles de Don Black qui collaborera aux travaux de Barry sur « Out Of Africa » et « Dances With Wolves », j’y reviendrai);

JB YOU ONLY LIVE

1967 : « You Only Live Twice » (« On ne vit que deux fois », chanson interprétée par Nancy Sinatra sur une création du duo Barry/Bricusse);

JB AU SERVICE SECRET

1969 : « On Her Majesty’s Secret Service » (« Au Service Secret de Sa Majesté »);

JB DIAMONDS

1971 : « Diamonds Are Forever » (« Les diamants sont éternels », chanson interprétée par Shirley Bassey sur une composition de la paire Barry/Black);

JB THE MAN

1974 : « The Man With The Golden Gun » (« L’homme au pistolet d’or », chanson interprétée par Lulu, co-gagnante du Concours Eurovision en 1969, sur un travail signé à nouveau par Barry et Black);

JB MOONRAKER

1979 : « Moonraker » (3ème chanson à être finalement interprétée par Shirley Bassey alors qu’elle était préalablement destinée à Johnny Mathis, ce dernier l’ayant refusée après que les producteurs aient songé à Kate Bush voire même Frank Sinatra ! C’est un texte d’Hal David qui a été posé sur la musique de Barry);

JB OCTOPUSSY

1983 : « Octopussy » (la chanson thème intitulée « All Time High », sur une musique de Barry et des paroles de Tim Rice, est interprétée par Rita Coolidge);

JB A VIEW

1985 : « A View to a Kill » (“Dangereusement Vôtre”, nominations aux Golden Globe Awards pour la meilleure musique de film et la meilleure chanson par le groupe Duran Duran qui cosigne la composition avec Barry);

JB THE LIVING

1987 : « The Living Daylights » (« Tuer n’est pas jouer », chanson interprétée par le groupe A-ha et coécrit avec le guitariste de la formation, Paul Waaktaar-Savoy).

Impressionnant, n’est-il pas ! Et pourtant, personnellement, c’est vers l’âge de 10 ans que j’ai véritablement découvert John Barry lorsque la série « The Persuaders ! » (« Amicalement Vôtre ») a été diffusée pour la toute première fois à la RTB ! Quel subtil habillage musical pour le générique condensant le chemin parcouru par Danny Wilde et Brett Sinclair depuis leur plus tendre enfance jusqu’à leur rencontre !  Mon frère et moi nous identifiions à ces deux personnages opposés par leurs origines : j’avais une nette préférence pour le rôle de Tony Curtis et mon frère, logiquement selon moi, puisqu’il était l’aîné, se parait de celui de Roger Moore…  Et cette musique que nous connaissions sur le bout des doigts était le détonateur de nos aventures improvisées… Mais revenons à ce qui nous occupe. Avant de faire plus ample connaissance avec John Barry, voici ce fameux générique accompagné de deux pochettes de 45 tours sous le label CBS : le pressage hollandais, avec le titre original, paru en 1972, avec le sticker « Indicatif Amicalement Vôtre » apposé sur le recto, et le pressage français sorti en 1974 :

JB AMICALEMENTJB AMICALEMENT 2 

De son vrai nom John Barry Prendergast, John naît le 3 novembre 1933 à York en Angleterre. Sa mère est une talentueuse pianiste classique et son père gère plusieurs salles de cinéma. L’équation, dès son tout jeune âge, est évidente : Musique + Cinéma = John Barry. Très intéressé par l’apprentissage de la musique, il débute tout naturellement par le piano en combinant l’étude de la trompette. John a neuf ans et il adore vraiment ça. Ce qui ne gâte rien, il est extrêmement doué. Désirant intensifier ses explorations musicales, il s’oriente vers la musique classique jusqu’à son 15ème anniversaire. Il déniche un boulot comme projectionniste de cinéma avant d’entrer sous les drapeaux pour intégrer bien évidemment la formation musicale de son camp d’affectation. Sitôt débarrassé du service militaire, il signe ses premiers arrangements pour des groupes anglais emmenés par Ted Heath (il fut à la tête du plus célèbre big band anglais, après la Seconde Guerre, enregistra plus d’une centaine d’albums et vendit plus de vingt millions de disques. Durant sa carrière, il eut la possibilité de côtoyer de nombreux grands artistes comme Nat King Cole, Count Basie, Marlène Dietrich, Johnny Mathis, Tony Benett, Sarah Vaughan et Ella Fitzgerald, entre autres.  Il décéda en 1967 mais sa formation lui survécut jusqu’en 2000 !) et Johnny Dakworth, formidable jazzman, un excellent clarinettiste et saxophoniste qui fut à l’origine du générique des trois premières saisons de « Chapeau Melon et Bottes de Cuir ». Au crépuscule des années 50, John n’a qu’un désir : les imiter et posséder sa propre formation. Avec l’aide de trois camarades qu’il a gardés de sa période de service militaire et de trois musiciens recrutés dans le Yorkshire, sa région natale, il fonde le groupe « The John Barry Seven » et se met directement au travail pour composer quelques instrumentaux qui rencontreront un assez bon succès.

JB JOHN BARRY SEVEN

JB THE JOHN BARRY SEVEN

Cette reconnaissance leur permet de partir en tournée dans le Royaume-Uni et ils réussissent à capter l’intérêt de la fameuse firme EMI. Leur signature au bas d’un contrat les conduit à l’enregistrement d’un premier disque intitulé « The Big Beat » qui leur ouvre les portes des studios de télévision afin de se produire dans plusieurs émissions de variétés. Mais John a d’autres objectifs. Ce groupe, il le considère plus comme un tremplin pour aboutir à ce qu’il veut vraiment : la composition de musiques de films.

C’est avec « Beat Girl » (« L’aguicheuse ») d’Edmond T. Gréville que John signe sa première musique de film en 1960 dans lequel apparaît notamment Christopher Lee. La même année, il s’occupe de la partition de « Never Let Go » de John Guillermin avec Peter Sellers. L’année suivante, c’est Chloe Gibson qui fait appel à lui pour accompagner « Girl on a roof » interprété surtout par des acteurs de séries télévisées dont Ivor Dean qui a joué dans « Regrets éternels », un épisode de la série « Amicalement Vôtre ». Mais tout à coup, le destin de John va prendre une toute autre dimension dès 1962 : il a tapé dans les oreilles d’Albert R. Broccoli et d’Harry Saltzman, deux producteurs associés avides d’adapter au grand écran le célèbre James Bond, l’agent 007 des romans d’Ian Fleming. Pourtant, sa musique ne s’exprimera que sur un court passage de « James Bond contre Dr No » mais elle aura un impact suffisant pour lancer définitivement sa carrière.

JB STRINGBEAT

Malgré ce succès, John n’abandonne pas sa formation « The John Barry Seven » et sort un second album « Stringbeat ». Toujours en 1962, il s’occupe de la bande originale de « La chambre indiscrète », un drame de Bryan Forbes produit par Richard Attenborough avec Leslie Caron. Mais voilà que Broccoli et Saltzman viennent à nouveau le solliciter pour « Bons Baisers de Russie » de Terence Young, le second James Bond, en 1963. Vous connaissez la suite et John se sépare logiquement de ses six compères pour se consacrer définitivement à sa vocation de compositeur de musiques pour le cinéma.

En 1963 et 1964, il est nommé responsable musical pour EMI et sera l’heureux producteur du célèbre tube « Yesterday’s Gone » de Chad & Jeremy, enregistré dans les studios d’Abbey Road, qui paraîtra en septembre 1963. Après avoir travaillé pour des documentaires (« Elisabeth Taylor in London », 1963, « Sophia Loren in Rome », 1964), il écrit pour des séries télévisées parmi lesquelles, « The Human Jungle » (1963-1964) et surtout « Vendetta » (1966 – 1968) pour son magnifique « The Danny Scipio Theme ».

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Entre-temps, il est sollicité pour « Zoulou » en 1964, un excellent film de guerre de Cyril Endfield avec Michael Caine, « Le rideau de brume » de Bryan Forbes, toujours en 1964, avec Richard Attenborough et « Ipcress, danger immédiat » de Sidney J. Furie, en 1965, avec Michael Caine. Il se jauge dans la comédie avec « Le Knack et comment l’avoir » de Richard Lester avec Rita Tushingham, Ray Brooks et Michael Crawford ainsi qu’en 1966 dans « Un mort en pleine forme » de Bryan Forbes avec Michael Caine.

Toutefois, la même année, sa carrière prend un essor gigantesque avec la récompense de 2 Oscars (meilleure musique et meilleure chanson)  pour « Born Free » (« Vivre Libre ») de James Hill avec Virginia Mc Kenna. Le thème principal est une pure merveille avec de superbes envolées de cordes qui montent somptueusement en puissance sur un imposant fond de cuivres. La mélodie se termine doucement et subtilement sur un lit de cordes comme elle a commencé. Très joli et bourré d’effets musicaux à vous donner des frissons dans le dos… Dès lors, le carnet de commandes de notre ami va se remplir à une vitesse vertigineuse. La même année, il travaille pour « Le secret du rapport Quiller » de Michael Anderson avec George Segal, Max Von Sydow et Alec Guiness. À peine une partition finie, il en commence une autre pour « La poursuite impitoyable », encore en 1966, un film remarquable d’Arthur Penn avec Marlon Brando, Robert Redford et Jane Fonda.

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1968 est prolifique avec trois films : « Le chat croque les diamants » du fidèle Bryan Forbes avec toujours son acteur préféré, Michael Caine, en tête d’affiche; « Boom » de Joseph Losey avec les amants terribles qu’étaient Elisabeth Taylor et Richard Burton; et « Petulia » de Richard Lester avec Julie Christie, Richard Chamberlain et George C. Scott. Tout en restant au « service secret de l’agent 007 », John est de plus en plus accaparé et fait face, avec succès, à toutes les demandes : après un nouvel Oscar pour la très belle musique d’« Un lion en hiver » d’Anthony Harvey avec une distribution prestigieuse réunissant Peter O’Toole, Katharine Hepburn et Anthony Hopkins, il signe, en 1969, le très célèbre thème de « Midnight Cowboy » de John Schlesinger avec Dustin Hoffman et Jon Voight ainsi que la composition du long métrage de Sidney Lumet, « Le rendez-vous », avec Omar Sharif et Anouk Aimée.

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Le début des années 70 va débuter par un très gros succès avec le générique d’« Amicalement Vôtre » qui, à lui seul, fera la propagande de la série. Pour la petite histoire, signalons que c’est Ken Thorne qui écrit la musique accompagnant différentes scènes dans les feuilletons et qu’une chanson, « Gotta Get Away », de Tony Hatch et Jackie Trent est utilisée dans l’épisode « pilote », durant la course poursuite entre la Ferrari de Danny Wilde et l’Aston Martin de Lord Brett Sinclair. Durant cette décennie, John écrit pour une autre série (« L’aventurier », 1972-1973, avec Gene Barry) et il va partager son travail entre la télévision et le cinéma. Il travaille pour une dizaine de téléfilms mais la qualité de sa composition du générique d’ « Amicalement Vôtre » ne sera pas égalée.

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En ce qui concerne les musiques de films, le rythme ne faiblit pas : en 1970, William A. Fraker lui commande d’accompagner la réalisation de son film « Monte Walsh » qui met en vedettes Lee Marvin et Jack Palance. Puis viennent successivement « La vallée perdue » de James Clavell avec Michael Caine et Omar Sharif, « La guerre de Murphy » de Peter Yates, en 1971, avec Peter O’Toole et, en 1972, la version musicale d’ « Alice au pays des Merveilles » de William Sterling avec Peter Sellers et Ralph Richardson. La même année, « Mary queen of Scots » de Charles Jarrott (avec Patrick Mc Goohan, Vanessa Redgrave et Timothy Dalton) lui vaut une nomination pour l’Oscar de la Meilleure Musique de Film. En 1974, il se charge de la musique de « Top secret », une comédie du regretté Blake Edwards, décédé récemment le 15 décembre 2010, avec Julie Andrews et Omar Sharif. En 1975, John Schlesinger fait à nouveau appel à lui pour « Le jour du fléau » avec Donald Sutherland.

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Ensuite, il est crédité de musiques pour des films qualifiés « à grand spectacle » avec, en 1976, « King Kong », le pâle remake du chef-d’œuvre de 1933 réalisé par John Guillermin avec Jessica Lange et Jeff Bridges, « La rose et la flèche » de Richard Lester avec Sean Connery et Audrey Hepburn, « Le bison blanc », en 1977, de Jack Lee Thomphon avec son « justicier » Charles Bronson et « Les grands fonds » de Peter Yates avec Robert Shaw, Nick Nolte, Jacqueline Bisset, Louis Gossett et Eli Wallach.

JB THE DEEP

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Il s’oriente dans d’autres genres de films tels « Le jeu de la mort » de Robert Clouse et Bruce Lee, en 1978, avec le King des Arts Martiaux, et se laisse attirer, en 1979, par le domaine de la science-fiction avec « Le choc des étoiles » de Luigi Cozzi avec Christopher Plummer et Caroline Munro, et « Le trou noir » de Gary Nelson avec Anthony Perkins, Ernest Borgnine, Yvette Mimieux et Maximilian Schell. Dans les années 80, ses activités ne déclinent pas et, en moins de 5 ans, il composera une vingtaine de musiques de films, parmi les plus appréciées, citons « Quelque part dans le temps » (nomination aux Golden Globes) de Jeannot Szwarc, le réalisateur de « Jaws 2 », en 1980 avec Christopher « Superman » Reeves et Jane Seymour, « La fièvre dans le corps » de Lawrence Kasdan, en 1981, avec William Hurt, Mickey Rourke et Kathleen Turner, « Les aventuriers du bout du monde » de Brian G. Hutton, en 1983, avec Tom « Magnum » Selleck et « Cotton Club » de Francis Ford Coppola, en 1984, avec Richard Gere, Nicolas Cage et Diane Lane.

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JB OUT

En 1985, il obtient une reconnaissance supplémentaire pour son génie créatif avec la formidable musique d’ « Out of Africa », le magnifique film de Sydney Pollack avec Robert Redford, Meryl Streep et Klaus Maria Brandauer, pour laquelle il reçoit un nouvel Oscar et un Golden Globe. Le lyrisme de la mélodie est très envoûtant, les cordes et les cuivres se juxtaposent harmonieusement avec une intensité musicale très émouvante dans la dernière minute du thème principal : c’est du très grand art, c’est divinement beau, sacrément bien dirigé et orchestré ! Il serait difficile de faire mieux… Et pourtant ! Après « Peggy Sue s’est mariée » de Coppola, en 1986 avec Nicolas Cage et Kathleen Turner, « Masquerade » de Bob Swaim, en 1988, avec Rob Lowe, et après avoir terminé sa collaboration avec la saga des Bond par un ultime « Tuer n’est pas jouer » en 1987, Kevin Costner le convie à travailler avec lui pour son premier film « Danse avec les loups » en 1990.

JB DANSE

Très inspiré, John concocte un petit bijou qui lui rapporte un dernier Oscar ainsi que des nominations aux Golden Globes et aux Grammy Awards. Barry a beau utiliser la même recette mais c’est admirablement bien ciselé : les cordes sont d’une précision dantesque dans un ensemble harmonique de grande éloquence. C’est vraiment irréprochable et d’une musicalité de haut vol. En 1992, il est à deux doigts de réitérer le même exploit aux Oscars avec la bande originale de « Chaplin », le film de Richard Attenborough, en 1992, avec Robert Downey Jr et Anthony Hopkins, mais il devra se contenter d’une nouvelle nomination ainsi qu’aux Golden Globes.

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Il réalisera encore une excellente performance sur « Proposition indécente » d’Adrian Lyne, en 1993, avec Robert Redford et Demi Moore ainsi qu’en 1994 sur « Les experts » de Luis Llosa avec Sylvester Stallone et Sharon Stone. Ses dernières compositions marquantes sont à relever sur « Les amants du nouveau monde » de Roland Joffé, en 1995, avec Gary Oldman, Demi Moore et Robert Duvall, « Code Mercury » d’Harold Becker, en 1998, avec Bruce Willis et Alec Baldwin, et, enfin, « Enigma » de Michael Apted, en 2001, avec Kate Winslet.

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30 janvier 2011… John Barry s’éteint, foudroyé par une crise cardiaque… Au moment où je commençai à rédiger cet article dans le dernier tiers du mois de janvier, je ne m’imaginais pas qu’il devait être finalement le prélude à un hommage… Funeste coïncidence ! Alors voilà, cet article est et restera au présent comme s’il était toujours parmi nous.

John fut le premier époux de Jane Birkin et de leur union naquit la photographe Kate Barry.

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John et Jane lors de leurs retrouvailles à Auxerre en 2007

Il devait être de passage chez nous le 21 octobre 2010 pour un concert unique à l’occasion du Festival du Film de Gand. Très malade et très diminué physiquement, il fut contraint d’y renoncer et fut remplacé par Nicholas Dodd. C’est David Arnold, son successeur dans la composition des musiques des James Bond, qui reçut le Lifetime Achievement Award en son nom.

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17 mai 2009 7 17 /05 /mai /2009 18:34

Avec la récente disparition de Maurice Jarre, le 29 mars 2009 à l'âge de 84 ans, le cinéma a perdu l'un de ses plus grands compositeurs de musiques de films. En février, il était encore apparu au Festival de Berlin qui lui avait décerné un Ours d'Or pour l'ensemble de sa carrière. Très affaibli par la maladie, il avait encore trouvé la force de sourire en brandissant son trophée devant le parterre de photographes... Maurice Jarre était le compositeur de films le plus « oscarisé » puisqu'il reçut trois statuettes pour « Lawrence d'Arabie » de David Lean (1962), « Docteur Jivago » encore de David Lean (1965) et « La Route des Indes » toujours de David Lean (1984). Il est l'auteur de plus de 150 musiques de films; parmi celles-ci, citons « Le Président » d'Henri Verneuil (1961), « Paris brûle-t-il ? » de René Clément (1966), « Jésus de Nazareth » de Franco Zeffirelli (1976), « Witness » de Peter Weir (1985), « Gorilles dans la brume » de Michael Apted (1988), « Le Cercle des Poètes Disparus » de Peter Weir (1989), « Ghost » de Jerry Zucker (1990) et « Les Vendanges de Feu » d'Alfonso Aarau (1995).
Reconnaissant envers les réalisateurs qui l'ont sollicité, Maurice Jarre avait déclaré : « J'ai eu la chance de travailler avec les plus grands dont David Lean qui m'a donné le goût de la perfection ». Il expliquait aussi : « Pour Lawrence d'Arabie, j'avais six semaines pour composer deux heures de musique. Du coup, j'ai travaillé par tranches de cinq heures espacées de vingt minutes de sommeil. J'ai mis un an pour m'en remettre ! ». La preuve, par ce témoignage, que c'était un artiste méticuleux et professionnel jusqu'au bout de sa baguette... En fait, comment concevait-il une bonne musique de film ? Il la définissait comme suit : « Les trois premières notes d'une mélodie, puis le rythme et l'harmonie. Après, tout est question d'équilibre, de liant comme en cuisine, de fluidité comme chez Mozart. Je ne crois pas à l'improvisation. On ne se lève pas comme ça le matin avec toute une partition dans la tête. Stravinski disait : « Un musicien est comme un bureaucrate qui doit se lever tôt le matin pour travailler ». L'inspiration vient ensuite ». Il y a quelques années, il confiait encore : « Dans un film, le compositeur est le dernier maillon d'une lourde chaîne. Souvent, il se retrouve face au producteur quand ce dernier enrage de sortir son film. Alors tout va très vite ». Comme on peut le deviner à travers ces confidences, Maurice Jarre était très soucieux de la qualité de son travail afin qu'il soit le meilleur possible. En tout cas, il nous laisse des œuvres grandioses dont vous découvrirez quelques vidéos à la fin de cet hommage. Né le 13 septembre 1924 à Lyon, Maurice Jarre est attiré très tôt pour la musique : encore enfant, il est littéralement séduit par la Rhapsodie Hongroise n° 2 de Franz Liszt dirigée par le chef d'orchestre britannique d'origine polonaise, Léopold Stokowski (qui a, notamment, composé les arrangements pour le dessin animé musical « Fantasia » (1940) de Walt Disney). Durant l'Occupation, il apprend la musique par correspondance et devient percussionniste-timbalier. En 1946, il s'associe à Pierre Boulez (autre grand compositeur classique et chef d'orchestre français, toujours bon pied, bon œil et en activité à 84 ans... son agenda est rempli jusqu'au 13 août 2009 !) pour la compagnie du Théâtre Madeleine Renaud-Jean-Louis Barrault. En 1951, l'acteur et metteur en scène Jean Vilar lui demande de s'occuper de la partition musicale de la pièce « Le Prince de Hombourg » d'Heinrich von Kleist à l'affiche du Festival d'Avignon avec Gérard Philipe et Jeanne Moreau. C'est le début d'une longue collaboration de 12 ans où il se verra nommé Chef musical du Théâtre national populaire. Maurice Jarre a un profond respect pour Jean Vilar dont il dira qu'il a passé « les plus belles années de sa vie, des années d'inspiration, d'amitié, de bonheur avec un homme qui faisait un théâtre populaire et non pas populiste ». Désormais, les engagements s'enchaînent à grande vitesse pour Maurice Jarre : en 1952, il signe sa première musique de film pour le court-métrage « Hôtel des Invalides » de Georges Franju, pamphlet antimilitariste tourné dans le sanctuaire des souvenirs guerriers, le musée des Invalides, avec pour récitant Michel Simon. En 1956, il écrit les musiques pour le ballet « Notre-Dame de Paris » ainsi que la partition de « La Mémoire du Monde » d'Alain Resnais et, l'année suivante, c'est Jacques Demy qui le contacte pour « Le Bel Indifférent », ces deux dernières réalisations s'inscrivant dans la même catégorie que celle de Georges Franju. Mais Maurice désire beaucoup plus et c'est logiquement qu'il lorgne désormais vers les longs-métrages. C'est à nouveau Georges Franju qui, par l'intermédiaire de son film « La Tête Contre Les Murs » (1958), lui permet de franchir ce cap. Les deux compères décident de faire un bout de chemin ensemble et cette association se retrouve dans « Les Yeux Sans Visage » (1959), « Pleins Feux Sur l'Assassin » (1961), « Thérèse Desqueyroux » (1962) et « Judex » (1964). C'est le début de la célébrité pour Maurice Jarre en qui les critiques reconnaissent son fantastique talent de création ainsi que la souplesse et l'universalité de ses musiques. Justement, la particularité de sa musique se résume à sa simplicité, à son efficacité sur le développement du thème du film, afin que le spectateur puisse ressentir l'émotion voulue au moment où la musique l'accompagne. Cette conception judicieuse de l'art de composer le conduit à une renommée mondiale en 1962 avec « Lawrence d'Arabie » de David Lean et « Le Jour Le Plus Long » de David Zanuck. Les plus grands réalisateurs frappent désormais à sa porte : Richard Brooks pour « Les Professionnels » (1966), Luchino Visconti pour « Les Damnés » (1969), Alfred Hitchkock pour « L'Etau » (1969), Elia Kazan pour « Le Dernier Nabab » (1976), Volker Schlöndorff pour « Le Tambour » (1979). Au début des années 90, il se fait plus discret mais il compose toujours et en 1996, il s'occupe de la musique du premier film de Bernard-Henri Lévy, « Le Jour Et La Nuit ». Bien que cantonné dans la musique de films, Maurice Jarre a également composé des œuvres symphoniques : « Armide » un opéra-ballet (1953) et « Passacaille à la mémoire d'Honegger » (1957), la Passacaille étant un genre musical pratiqué aux XVIIème et XVIIIème siècles. Il signe aussi la musique de la série TV « Shogun » (1980) réalisée par Jerry London d'après le roman de James Clavell avec Richard Chamberlain dans le rôle principal.
Côté vie privée, Maurice Jarre épouse en 1965... la future Madame Drucker, Dany Saval avec qui il a une fille, Stéfanie qui deviendra décoratrice (photo ci-dessus). Il aura également un fils adoptif, Kevin, avec l'actrice Laura Devon, qui sera scénariste et, enfin, le plus connu d'entre tous, Jean-Michel, le créateur d' « Oxygène » (ci-dessous).
Maurice Jarre adorait les Etats-Unis où il s'installa dans les années 60 pour ensuite habiter la Suisse et revenir enfin à Los Angeles couler paisiblement ses derniers jours. Il laisse derrière lui un palmarès éloquent : 3 Oscars, 4 Golden Globe, 5 Nominations aux Oscars et 7 Nominations aux Golden Globe ainsi que de multiples autres récompenses : un 7 d'Or en 1985 pour « Au Nom de Tous les Miens » de Robert Enrico, un César d'Honneur en 1986, le British Academy Award en 1989 pour « Le Cercle des Poètes Disparus », l'American Society of Composers, Authors and Publishers pour « Ghost » en 1991, le Prix SACD en 1997, l'Hommage du Festival du Cinéma Américain de Deauville en 1999 et, enfin, l'Ours d'Or à Berlin pour sa carrière exceptionnelle, un mois avant de tirer sa révérence...


À écouter, cette double compilation reprenant les plus célèbres musiques de films composées par Maurice Jarre

et ce  DVD « Maurice Jarre : A Tribute To David Lean » paru en février 2006 où vous pourrez le voir, en 1992, en concert à Barbican Centre à Londres, diriger le Royal Philarmonic Orchestra sur les musiques pour lesquelles il a été récompensé de 3 Oscars.

   

"Lawrence d'Arabie"

 

"Docteur Jivago"

 

"La Route Des Indes"

 

"Le Cercle des Poètes Disparus"

 

"Ghost"
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24 août 2008 7 24 /08 /août /2008 16:11


Je ne sais pas ce que vous en pensez mais personnellement, je trouve que Louis de Funès est le plus grand acteur comique français de tous les temps. Oui, parfois, c'est vrai, il en fait des tonnes mais il faut reconnaître qu'il avait un puissant pouvoir d'improvisation ! Au cours des films qu'il tournait, il lui arrivait fréquemment d'avoir de nouvelles idées; il les développait, les mettait en scène et les répétait des dizaines et des dizaines de fois afin qu'elles soient les plus drôles possibles. C'est un acteur irremplaçable qui nous a amusés pendant plus de deux décennies et qui reste toujours indémodable. Dans l'article qui va suivre, vous allez faire connaissance avec cinq grands musiciens, cinq compositeurs de musiques de films qui ont, à un moment de leur carrière, inévitablement croisé le chemin de Louis de Funès.


Commençons par Raymond Lefèvre qui vient de nous quitter le 27 juin 2008 à l'âge de 78 ans. Si vous avez vu au moins une émission de Guy Lux entre 1966 et 1981, c'est lui que vous aperceviez en train de diriger ses musiciens lors de la musique d'introduction. Une longue silhouette reconnaissable entre toutes, une barbichette qui façonnera une personnalité attachante, éminemment sympathique, toujours au service des invités de son Maître de cérémonie. Avant de devenir chef d'orchestre et avoir sa propre formation, Raymond Lefèvre fut, début des années 50, pianiste de jazz aux côtés du célèbre clarinettiste, saxophoniste ténor Hubert Rostaing et du saxophoniste, flûtiste belge Bobby Jaspar. Ce dernier, malgré une disparition soudaine par crise cardiaque le 28 février 1963, était également très connu dans le monde du jazz pour avoir joué avec Sacha Distel. Ensemble, ils avaient enregistré un « 4 pistes » en 1957. Musicien accompli, Raymond Lefèvre devient successivement compositeur et arrangeur. Repéré par Franck Pourcel et Paul Mauriat, il affûtera ses excellentes prédispositions en tant que directeur d'orchestre au contact de ces deux grands chefs de formation. Mais c'est à la Télévision Française qu'il accède à la célébrité en devenant le chef d'orchestre attitré des émissions de Guy Lux. Cependant, il ne se limitera pas à cette fonction. Le réalisateur Jean Girault, dont on connaît la complicité légendaire avec Louis de Funès, fait appel à lui pour la composition des musiques de ses films.  De 1964 à 1982, Raymond Lefèvre apparaît donc au générique de 9 films dont le célèbre fantaisiste est la vedette : la saga des « Gendarmes » (6 films en 1964, 1965, 1968, 1970, 1978 et 1982), « Les Grandes Vacances » (1967), « Jo » (1971) et « La Soupe aux Choux » (1981). Je vous propose d'écouter la musique des « Grandes Vacances » et de « Jo ». Pourquoi ce choix ? Tout d'abord, pour le premier film, je considère qu'elle est vraiment annonciatrice d'une bonne comédie avec beaucoup d'entrain caractérisé par ce florilège de cuivres qui dégage d'entrée une sonorité inspiratrice de joie, gaieté et bonne humeur. Le rythme est soutenu et malgré une répétition continuelle dans la ligne mélodique, il n'y a aucune lassitude à l'écouter : elle est relativement courte et les changements instrumentaux (cordes et basse) sont variés.

 

 

En ce qui concerne le deuxième, je définirais la musique comme un pastiche  de celle d'un « James Bond » saupoudrée de quelques notes bien reconnaissables que l'on retrouve généralement dans les « westerns » du style « Il était une fois dans l'Ouest ». L'ensemble est également très tonique, très emballé avec un déploiement généreux de cuivres et de cordes (on ne change pas une bonne recette !). Enfin, pour en terminer avec Raymond Lefèvre, précisions qu'il était unanimement apprécié dans beaucoup de pays dont le Japon où il donna de nombreux concerts ainsi que l'Allemagne où il reçut plusieurs disques d'or.

 

 

Disparu le 19 décembre 1984 en ayant recours au suicide pour mettre fin à ses jours, Michel Magne était l'un des compositeurs de musiques de films les plus doués et les plus talentueux de sa génération. Acculé par des dettes qui devenaient trop lourdes à supporter et dégoûté de la perte de « son » Château d'Hérouville dans le Val d'Oise où il avait emménagé, à grands frais, un superbe studio d'enregistrement, Michel Magne décida de tirer sa révérence. Auteur de plus de 110 musiques de films, il eut une période très prolifique entre 1963 et 1973 pendant laquelle il dut répondre à de nombreuses sollicitations. Outre la série des « Angélique », il se chargea de la trilogie des « Fantômas » qui nous intéresse tout particulièrement. Pour le premier des trois longs métrages, l'influence « jazzique » est perceptible dès le début du générique. Mêlant des thèmes très contrastés tantôt pour les scènes où apparaît le criminel, tantôt pour celles où notre admirable Fufu entre en piste, le musicien nous entraîne au sein même de l'action en utilisant tout ce qu'il y a de plus conventionnel dans les variantes instrumentales pour ce genre de film : les cuivres pour annoncer l'arrivée du bandit, les percussions dites « légères » (xylophone) pour les pitreries du Commissaire Juve... Ecoutez la bande sonore du générique de « Fantômas se déchaîne » : l'auteur utilise carrément ce procédé afin d'exprimer musicalement, et avec quel brio, les péripéties marquantes du premier épisode. Pour le troisième volet des aventures du personnage créé par Pierre Souvestre et Marcel Allain, « Fantômas contre Scotland Yard », et du fait qu'elles sont censées se dérouler en Ecosse (alors qu'en réalité, les scènes dans le Château ont été tournées dans celui de Roquetaillade, en Gironde et celles pour la chasse à courre en forêt de Fontainebleau... pour la petite histoire !), le générique débute, somme toute logiquement, sur un très beau morceau de cornemuses qui précède le thème propre à Fantômas dont la ligne mélodique a subi quelques petites modifications : le rythme est sensiblement plus lent, agrémenté d'effets musicaux en référence à ceux qui accompagnent traditionnellement cette cruelle pratique de chasse à courre.


Pour en revenir à la carrière de Michel Magne, signalons que c'est lui qui est à l'origine des musiques des films d' « OSS 117 » réalisés, comme pour les « Fantômas » par André Hunebelle (ce dernier avait son compositeur fétiche, tout comme Jean Girault avec Raymond Lefèvre) ainsi que de « Mélodie en sous-sol », « Les barbouzes », « Les tontons flingueurs » et les films de Jean Yanne : « Moi y en a vouloir des sous », « Les Chinois à Paris » et « Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil » pour ne citer que les principaux. C'est en 1962 qu'il acquiert avec un ami le Château d'Hérouville complètement en ruines qu'il décide de retaper. Toutes ses royalties y passent pour en faire un endroit paradisiaque où les personnalités du show- business aimaient s'y retrouver (il lui arrivait d'accueillir deux cents ou trois cent convives...). A la mort de son ami en 1965, il rachète la partie droite du Château tout en continuant ses petites « extravagances ».  A partir de mars 1968, les événements se précipitent : son épouse le quitte et un incendie détruit l'aile gauche du Château qui venait d'être rénovée à grands frais. Michel Magne se lance alors, à corps perdu, dans la réfection de sa propriété et installe un studio d'enregistrement dans l'aile droite. Par la même occasion, il fonde une société : « Studios d'Enregistrement Michel Magne » et, après le « George Sand », un  autre studio, baptisé « Chopin » est aménagé. Désormais la société emploie une vingtaine de salariés pendant que Michel Magne reçoit toujours du beau monde et délaisse peu à peu son travail de compositeur au profit de son costume d'hôte afin de veiller aux bons soins de ses invités. Ses studios ayant acquis une renommé internationale, il voit défiler les plus grandes stars : Canned Heat, Memphis Slim et... Elton John qui y enregistre un album complet : « Honky Château ». Malheureusement, Michel Magne ne parvient plus à faire face aux besoins financiers du Château et suite à une association qui ne lui causera que de graves ennuis (faillite frauduleuse), il se sépare de sa société et de sa propriété en juin 1979. Marqué par ces échecs cuisants, il n'arrivera plus jamais à se remettre au travail convenablement, et, malgré un refuge artistique dans la peinture et la sculpture, il choisit de se donner la mort au Novotel de Pontoise... Triste épilogue pour un compositeur de génie qui aurait mérité une fin de carrière beaucoup plus glorieuse !

   

Georges Delerue a quelque peu tardé avant de s'intéresser à la musique. Ce n'est que vers l'âge de 15 ans qu'il prend conscience qu'il ne peut plus s'en passer en écoutant son grand père maternel diriger une chorale d'amateurs, sa mère jouer occasionnellement du piano et chanter les grands airs de « Faust » ou « Carmen » pendant des réjouissances familiales. Occupé très jeune à la fabrique de limes de son père, il concilie son travail avec l'apprentissage, l'après-midi, du solfège et de la clarinette. Mais très vite, il délaisse cet instrument au profit d'un autre qui l'attire beaucoup plus : le piano. La première œuvre qu'il choisit de jouer est « Romance sans Parole » de Félix Mendelssohn qu'il décortique lui-même. Son talent inné est tel qu'il reçoit les éloges de son professeur avec lequel il s'initie principalement aux compositions de Chopin, Bach, Beethoven, Grieg et Mozart. Au lendemain de la seconde guerre mondiale, Georges Delerue fête ses 20 ans et termine ses études au Conservatoire de Roubaix. Auréolé d'un 1er prix de piano, 1er prix de musique de chambre, 1er prix d'harmonie et 2ème prix de clarinette, le directeur lui conseille de passer le concours d'entrée au Conservatoire National Supérieur de Paris. Georges se rend donc dans la capitale et subvient à ses besoins financiers grâce à des engagements qu'il décroche dans des bals, aux baptêmes, mariages et obsèques (il s'initie à l'orgue) ainsi que dans des piano-bars. 1952 est l'année où tout commence véritablement pour Georges Delerue sur le plan artistique : sa rencontre avec Boris Vian est déterminante pour la suite de sa carrière. Les projets qu'ils concrétisent ensemble lui permettent de se faire un nom et de lui ouvrir les portes du Club d'Essai de la Radio Télévision Française dont il prend la direction de l'orchestre. L'année suivante, il crée sa première composition pour une dramatique : « Les Princes de Sang » qu'il joue en direct (c'était très courant à l'époque). Dès lors, tout s'enchaîne : en 1954, il se charge de la musique de spectacles « Sons et Lumières » (« Lisieux » et « La Libération de Paris »), l'année d'après, il écrit une « Symphonie Concertante pour Piano et Orchestre » et en 1959, il fait ses premiers pas dans le cinéma pour « Le Bel Age » de Pierre Kast (où il s'associe avec l'arrangeur Alain Goraguer qui a notamment travaillé avec Serge Gainsbourg) ainsi que pour « Les Jeux de l'Amour » de Philippe de Broca. Nous faisons un petit bond dans le temps pour atterrir en 1965, l'année qui nous intéresse pour cet article où Georges est sollicité pour écrire la musique du « Corniaud » avec Bourvil et Louis de Funès. Pour le générique, il nous convie à une gentille valse avec l'accordéon comme instrument dominant. C'est beaucoup plus qu'une « valse musette » que l'on danserait sous les lampions multicolores d'un bal populaire... La mélodie prend, ici, dans le contexte du film, une toute autre signification : elle nous emmène dans une véritable aventure faite d'humour, de gags et... de suspense sans oublier une pointe de sentiments amoureux ! Georges Delerue a vu juste en composant le « score », il ne fallait surtout pas une musique tonitruante bardée de cuivres et de percussions... C'est une comédie, dans son sens plein, et l'utilisation de l'accordéon est tout à fait indiquée !  
 


Le film connaîtra le succès que l'on sait et la renommée de Georges a déjà dépassé les frontières de l'hexagone. C'est le réalisateur anglais Ken Russell qui est le premier cinéaste étranger à reconnaître l'immense talent de Georges Delerue en lui confiant la musique de son film « French Dressing » en 1964 et à lui consacrer, l'année suivante, un documentaire pour la BBC intitulé « Don't Shoot The Composer ». Les récompenses vont se succéder pour le musicien français : en 1967, les Etats-Unis lui décernent un Emmy Award pour  « Our World », l'hymne qu'il écrit pour l'inauguration de la Mondiovision ; en 1979, il reçoit le César de la meilleure musique de film pour « Préparez vos Mouchoirs » de Bertrand Blier et l'Oscar pour « A Little Romance » de George Roy Hill; en 1981, le Jury des Césars le consacre à nouveau pour « Le Dernier Métro » de François Truffaut.  Ce dernier le sollicite encore en 1983 pour « Vivement Dimanche » avant de disparaître le 21 octobre 1984. Georges Delerue en sera très marqué et son activité s'en ressentira jusqu'à son décès soudain en 1992. Il repose au Forest Lawn Memorial Park de Glendale en Californie.

Né à Athènes en 1932, Georges Garvarentz émigre en France, au début de la guerre, avec ses parents d'origine arménienne.  Son père, musicien, était très célèbre dans son pays puisqu'il écrivit l'hymne national arménien. La famille se fixe à Paris et Georges continue ses études dans l'optique de devenir médecin. Cependant, tout au fond de lui-même, secrète une passion pour la musique dont l'épanouissement se produit lorsqu'il assiste à la projection de « Rhapsody in blue », une biographie romancée de George Gershwin en 1945. C'est un véritable coup de foudre et George sait qu'il sera plus tard musicien et compositeur. Il entre donc à l'Ecole Supérieure de Musique de Paris et commence très rapidement à écrire des partitions. C'est dans les années 60 qu'il devient célèbre : il s'associe à Charles Aznavour dont il épouse la sœur, Aïda, le 17 septembre 1965. Avec Charles, il formera, jusqu'à son décès le 19 mars 1993, un des duos les plus célèbres, si pas le plus célèbre, de la Chanson Française. C'est toujours lui qui se chargera de la musique et Charles dira de lui qu'il était vraiment son alter ego, son double... Outre la musique du « Tatoué » qui nous intéresse ici et qu'il composa en 1968 pour Denys de la Patellière, Georges écrivit également, pour ne citer que les plus connues, les musiques de « Un Taxi pour Tobrouk » (1960), « Les Parisiennes » (1962), « Cherchez l'Idole » (1963) et « Paris au mois d'août » (1966). Pour « Le Tatoué », si vous écoutez attentivement l'entièreté du générique, vous remarquerez la présence indubitable de deux pôles musicaux opposés, deux extrêmes, ou si vous préférez encore, de deux contrastes s'identifiant parfaitement au comportement des deux protagonistes de cette comédie. D'une part, une musique entraînante et gaie riche de cuivres propre au riche brocanteur roublard et tenace qu'incarne Louis de Funès; de l'autre, une musique « du bon vieux temps », essentiellement jouée, me semble-t-il, au cor qui sied admirablement bien au personnage de légionnaire débonnaire, très attaché aux valeurs et (!) aux couleurs nationales interprété par le brillant Jean Gabin.


Côté chansons, Georges Garvarentz signe les plus grands succès de son beau-frère (« Non, je n'ai rien oublié », « Désormais », « Il faut savoir », « Les plaisirs démodés »,...) ainsi que « Retiens la nuit » pour Johnny Hallyday et « La plus belle pour aller danser » pour Sylvie Vartan pour lesquelles Charles écrit les paroles. En 1973, le duo mythique crée une opérette « Douchka », la dernière représentation à Mogador du couple le plus célèbre de l'Opérette, Marcel Merkès et Paulette Merval (dont je peux, d'ores et déjà, vous annoncer qu'un article leur sera consacré prochainement dans la catégorie « Les grands noms de l'Opérette »). Georges continuera donc à composer pour Charles qui, dans les derniers jours de sa vie, lui amènera un piano jusque dans sa chambre d'hôpital afin d'écrire une ultime mélodie qu'il chantera en 1994 sous un titre évocateur : « Ton doux visage » faisant référence à l'éternelle gentillesse qui caractérisait la personnalité de son complice.

Pour ce dernier chapitre consacré à Vladimir Cosma, je vous propose les musiques des films suivants, par ordre chronologique : « Les Aventures de Rabbi Jacob » (1973), « L'Aile ou la Cuisse » (1976) et « La Zizanie » (1977). En ce qui concerne l'ultime collaboration entre Gérard Oury et Louis de Funès, nous avons droit, permettez-moi l'expression, à un générique d'enfer. Et ce dernier est saisissant avec, en toile de fond, la baie de New- York avec les inoubliables tours jumelles du World Trade Center. La partition du multi-instrumentiste (en plus de tenir la baguette, Vladimir Cosma est violoniste de formation et pianiste !) est tout bonnement géniale. Pour une production de cette ampleur, il fallait une musique d'ouverture de grande qualité et le moins que l'on puisse dire est qu'elle ne déçoit aucunement ! Le rythme est enlevé, rapide et bien régulier sur une mélodie, certes, simpliste au premier abord mais qui a du tonus, du « répondant » pour la bonne et simple raison que dès la première écoute, vous pouvez la reproduire ou la fredonner sans aucune difficulté ! C'est ça, la recette d'une très bonne musique de film !

 

 

Et que dire de la scène dans laquelle Rabbi Jacob danse ? Epoustouflante prestation de Louis de Funès qui mérite indéniablement une ixième rediffusion :

 

 
Ce moment d'anthologie est certainement celui qui résume le mieux la nature de l'acteur : un talent immense pour l'improvisation (je me répète mais je ne le dirai jamais assez !), pour le sens du rythme affiché dans ses gags mais aussi, et surtout, dans la brillante exécution de cette danse qui n'est pas à la portée de tout comédien (n'oublions surtout pas qu'avant d'être acteur, Louis de Funès a été pianiste de jazz et qu'il a donc acquis une solide expérience dans la perception du rythme) une générosité illimitée à faire rire, à vous arracher des larmes de joie, de bonheur intense quitte à en mourir...     

Cette petite parenthèse qui me tenait à cœur étant faite, évoquons maintenant la musique des retrouvailles de Louis de Funès avec le cinéma : 1976 marque son grand retour avec Claude Zidi aux commandes. « L'Aile ou la Cuisse » est un grand succès dès sa projection en salles et à nouveau, Vladimir Cosma signe un générique d'excellente facture. Les premières notes de pur classique sont prodigieuses; viennent ensuite les percussions qui imprègnent à la mélodie un rythme rondement mené sans toutefois se démarquer de la touche « classique ». Après environ 50 secondes, ce sont des chœurs qui prennent le relais sur une partition de comédie plus traditionnelle, avec encore, à la base, des notes pas trop compliquées à chanter mais qui, une nouvelle fois, frappent juste pour se fixer avec aisance dans la mémoire collective.

Par contre, en ce qui concerne « La Zizanie » réalisé encore par Claude Zidi, je ne pense pas que ce soit sa meilleure musique de film, loin de là. Pour celle-ci, Vladimir Cosma a recours à l'électronique et de plus, le thème est répétitif, trop même : la ligne mélodique ne subit une variante que durant une trentaine de secondes mais ça n'atténue en rien sa monotonie. Sur le plan créativité, on est très loin des deux génériques précédents. Il est heureux qu'un montage animé ait été réalisé afin d'avaler cette « couleuvre » musicale indigeste et insipide...

Vladimir Cosma a grandi au sein d'une famille de musiciens : né le 13 avril 1940 à Bucarest, en Roumanie, son père est pianiste et chef d'orchestre, sa mère écrit et compose ainsi que l'un de ses oncles également chef d'orchestre et sa grand-mère était pianiste... Comment, dans ces conditions, ne voulez-vous pas être musicien à votre tour ? Comme tout artiste qui veut réussir, il se rend à Paris en 1963 et continue ses études musicales à l'Ecole Normale de Musique de Paris. C'est Michel Legrand qui le débusque afin qu'il s'occupe des arrangements de ses chansons. Le célèbre compositeur des « Moulins de mon cœur » pris par ses nombreux engagements lui demande alors de composer, à sa place, la musique du film « Alexandre Le Bienheureux » d'Yves Robert et c'est la consécration. Son travail fut récompensé aux Césars à deux reprises : en 1982 pour « Diva » de Jean-Jacques Beinex et en 1984 pour « Le Bal » d'Ettore Scola. Tout récemment, il vient de faire une incursion remarquée dans le monde de l'Opéra en créant « Marius et Fanny » d'après l'œuvre de Marcel Pagnol dont la première, en deux actes, a été donnée le 4 septembre 2007 à l'Opéra de Marseille avec, dans les rôles principaux, Roberto Alagna et son épouse, la soprano Angela Gheorghiu.

Les deux liens avec Claude François !


Tout d'abord, celui avec Louis de Funès, bien sûr. Claude François en est fou à tel point que lors de chaque repas au Moulin, les invités ont droit aux célèbres répliques et mimiques que le chanteur connaît par cœur pour avoir visionné ses principaux films de nombreuses fois ! Il fera tant et si bien qu'une rencontre historique sera organisée dans les studios d'Europe n° 1 lors de l'émission « 5-6-7 » de Marie-France Bruyer et Jacques Ourévitch à laquelle Sheila participe également. Cloclo n'en croit pas ses yeux, il est assis à côté de son idole et pendant quelques instants, il est émerveillé tel un enfant qui reçoit son premier cadeau des mains du Père Noël !

Ensuite, Georges Garvarentz a écrit la musique, sur des paroles de Françoise Dorin, de la très jolie chanson « Au coin de mes rêves » tirée de la comédie musicale « Cendrillon » jouée pour la télévision en 1966 par Christine Delaroche et Claude François. Pour cette chanson, Georges Garvarentz compose une mélodie très douce et romantique qui convient admirablement bien à la tessiture de Cloclo. Ce titre aurait pu très bien être adapté par le chanteur en anglais pour connaître une carrière Outre-manche; en effet, très « easy listening », très « french lover », il aurait pu figurer dans un répertoire aux accents « crooner » que Claude François aurait habilement et judicieusement exploité, dans la direction musicale qu'il comptait prendre, au même titre que « My Way » et « My Boy »...

 

 

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10 février 2008 7 10 /02 /février /2008 21:00
Jaws.jpgJAWS
The Collector’s Edition Soundrack
Musique composée et dirigée par John Williams
Un Film de Steven Spielberg
Inclus 12 titres non parus antérieurement
Main Title and First Victim/The Empty Raft/The Pier Incident/
The Shark Cage Fugue/Shark Attack/Ben Gardner’s Boat/Montage/
Father And Son/Into The Estuary/Out Of Sea/Man Against Beast/
Quint’s Tale/Brody Panics/Barrel Off Starboard/The Great Shark Chase/
Three Barrels Under/Between Attacks/The Shark Approaches/
Blown To Bits/End Titles
 
La terreur est sur mon blog ! L’horrible requin est de retour ! Pour ce second article dans cette catégorie, je n’ai pas hésité un seul instant : ce serait la bande originale du film « JAWS » par JOHN WILLIAMS qui incarne, pour moi, LE plus grand compositeur de musiques de films. J’avais 13 ans ( !) quand ce long métrage sortit aux Etats-Unis le 20 juin 1975 et fin de la même année chez nous.
 JAWS2.jpgL’affiche originale du film
Ce film était annoncé comme l’évènement cinématographique de l’année, non seulement pour les effets spéciaux extraordinaires, pour l’époque, qu’il contenait (l’audacieuse machinerie sous-marine qui animait le robot servant de requin) mais aussi pour un synopsis inédit jusqu’alors,  habilement mis en scène par un très jeune talentueux réalisateur âgé de 29 ans : Steven Spielberg. Je vais m’attacher (et vous, attachez-vous à votre siège, c’est parti !) à vous relater certaines scènes marquantes en relation avec l’extraordinaire musique de John Williams pour laquelle il reçut, excusez du peu, son second Oscar sur les cinq qu’il obtint tout au long de sa prodigieuse carrière. Tout d’abord, en ce qui concerne le générique ou, si vous préférez, le thème, une particularité se dégage distinctement de la partition : deux notes atonales (écriture musicale se libérant des règles tonales de l’harmonie traditionnelle) en crescendo s’identifieront à la menace qui rôde le long des plages de la station balnéaire d’Amity ainsi qu’à l’affrontement entre le prédateur et 3 hommes très différents mais qui se réuniront dans un seul but : anéantir le mangeur d’hommes… Ces deux notes vont devenir le fil conducteur de la musique à chaque moment où le requin apparaîtra… ou à chaque moment où l’on devinera sa présence !

Jaws : Main Title
 
Pour composer cette musique de film, Williams s’est concentré sur la progression du squale qui, continuellement, s’annoncera par ces deux fameuses notes atonales principalement jouées par une section de cordes (contrebasses) auxquelles s’ajouteront des violons, une imposante escadrille de cuivres divers, de percussions (principalement des timbales) et… un piano qui signaleront et accentueront même, selon les scènes, les attaques du requin. Au moment où cette musique devenue culte retentit, le suspense est à son paroxysme surtout lorsque Steven Spielberg emploie habilement la technique qui consiste à substituer le requin… au regard des spectateurs ! En utilisant cette base musicale, Williams va développer toute une série de variations, composant plusieurs thèmes dérivés qui symboliseront la narration musicale liée à l’animal. Il va s’en servir judicieusement et il faut bien avouer que le scénario est conçu de telle façon que le compositeur aura tout le loisir de les utiliser et de les mettre en valeur. Heureusement, John Williams a prévu des morceaux plus détendus, plus « ouverts », beaucoup moins sombres aussi : « Montage » et « Father And Son ». Le premier est le thème des touristes qui débarquent à Amity et le second est la consolation du « Chef » Brody (incarné par Roy Scheider) dans le regard de son fils après qu’il eut encaissé l’affront d’une mère qui vient de perdre son fils victime du terrible requin…
 roy_scheider_1.jpgRoy Scheider (« Chef » Brody)
Ces titres constituent une petite relâche avant ceux qui nous font replonger (c’est le cas de l’écrire !) dans les affres du cauchemar ! Un contraste s’établira entre le thème principal, appelons-le celui du requin, et celui, plus enjoué, rappelant le passage où les touristes arrivent, surtout dans la scène où les barils seront lâchés, destinés à freiner la course dévastatrice du squale. Cette envolée musicale, plus enjouée soulignera l’héroïsme des 3 aventuriers dans leur quête de destruction de l’animal. Steven Spielberg sera très agréablement surpris du travail d’écriture effectuée par John Williams. Quand ce dernier lui présenta la partition et lui expliqua comment il allait amener musicalement le requin à l’écran, le réalisateur crut à une pure plaisanterie. Mais le compositeur était si sérieux et tellement convaincant que Spielberg lui laissa une entière liberté sur la direction d’orchestre qu’il allait apporter sur le déroulement du film. Il n’eut pas à le regretter quand il découvrit le résultat final : c’est tout simplement un chef-d’œuvre à la hauteur de l’Oscar qu’il reçut par la suite.
 John-Williams2.jpgJohn Williams et Steven Spielberg
Depuis, cette musique de film est devenue la seconde nature du requin qui le caractérise incontestablement dès qu’on l’entend… Pour conclure, apportons une mention spéciale à deux morceaux très intenses du CD qui sont situés dans la dernière partie de la bande originale : « The Shark Approaches » et « Blown To Bits », le premier est tout à fait inédit et ne figure pas dans le 33 tours de l’époque tandis que le deuxième décrit, dans une ambiance insoutenable, l’attaque du requin à laquelle succombe horriblement Quint (incarné par Robert Shaw).
Robert-Shaw.jpg Robert Shaw (Quint)
Afin de compléter la brillante distribution de ce film, saluons, pour finir, la parfaite interprétation de Richard Dreyfuss dans le rôle de l’océanographe Hooper.
jaws1.jpgRichard Dreyfuss (Hooper)
 
Jaws : One Barrel Chase
 
John-Williams1.jpg 
JOHN WILLIAMS
 
John Williams vient de fêter son 75ème anniversaire le 8 février. Il est né à New-York et a été très vite pris par le démon de la musique. Son père était percussionniste dans l’ensemble orchestral de CBS Radio et jouait dans le « Raymond Scott Quintet ».rayscott.jpg 
Le « Raymond Scott Quintet » avec Johnny Williams, le père de John, à la caisse claire.
Influencé principalement par le jazz et la musique classique, il monte son propre groupe à l’âge de 15 ans et s’initie au travail d’arrangeur. Il sait depuis longtemps qu’un avenir de musicien l’attend et il ne tarde pas à composer une première œuvre symphonique : une sonate pour piano ! Ses études le conduiront à approfondir le domaine de l’orchestration et il fourbira son potentiel auprès de Robert Van Eps de la MGM (le célèbre compositeur de la musique de la série « Au-delà du réel » en 1963)  et de Mario Castelnuovo-Tedesco (formidable compositeur italien des musiques de films, entre autres, de « Docteur Jekyll et Mister Hyde » en 1941 et du « Portrait de Dorian Gray » en 1945). Il profitera de son passage au sein de l’US Air Force pour parfaire son sens de la direction musicale.
 250px-Mario_Castelnuovo-Tedesco.jpgMario Castelnuovo-Tedesco
Ensuite, il poursuivra son apprentissage du piano avec Rosina Lhevinne à la Juilliard School. Par les personnalités qu’il a côtoyées durant sa jeunesse, on sait maintenant pourquoi John Williams s’est attaché au renouveau symphonique de la musique de film. Pour preuve, écoutez les compositions de la saga de « La Guerre des Etoiles », de « Superman » et de la trilogie des « Indiana Jones ». Mais nous n’en sommes pas encore là et revenons aux débuts de John Williams qui, dès 1958, commencera à Hollywood comme pianiste de studio pour des musiques de séries TV. John continue son irrésistible ascension et fait partie, à 24 ans, de l’équipe d’arrangeurs de la Columbia pour intégrer ensuite celle de la 20th Century Fox où il travaille aux côtés de grands compositeurs de l’âge d’or du cinéma : Alfred Newman, Lionel Newman, Dimitri Tiomkin et Franz Waxman. Il fait également la connaissance de l’actrice et chanteuse Barbara Ruick qui aura le privilège de devenir Madame Williams. Son époux rêve toujours de s’imposer et ses efforts vont être récompensés. En 1957, il compose la musique de « La Grande Caravane », c’est lui aussi qui signe la partition du générique du « Virginien » en 1962. Au cinéma, par contre, il doit attendre 1966 pour se faire remarquer. C’est William Wyler, le réalisateur de « Ben Hur », qui lui donnera le coup de pouce nécessaire dans une comédie, « Comment voler un million de dollars », afin qu’il démarre véritablement sa carrière.
 William Wyler
Cependant, John Williams n’abandonne pas la télévision : il s’occupera de la musique de « Heidi » en 1968 et de celle de « Jane Eyre » en 1970 pour lesquelles il recevra deux « Emmy Awards ». Cantonné dans la musique de comédies, il va s’essayer au western avec réussite pour « Les Cow-boys », avec John Wayne, en 1972 après avoir remporté son premier « Oscar » en 1971 avec « Fiddler In The Roof ». Mais c’est dans la catégorie dite de films « catastrophe » qu’il se sentira le plus à l’aise. Les sollicitations vont se succéder à un rythme d’enfer, jugez-en plutôt : « L’aventure du Poséidon » en 1972, « Tremblement de Terre » et « La Tour Infernale » en 1974 avant la consécration pour « Jaws » en 1975 pour lequel il gagne un second « Oscar ». Entre-temps, en 1974, John Williams subit la pire épreuve de sa vie : il perd sa fidèle compagne, Barbara Ruick, qui avait à peine 41 ans… Le travail et l’amitié indestructible qui va naître entre lui et Steven Spielberg vont l’aider à cicatriser cette douloureuse blessure. En effet, « Les Dents de la Mer » est leur deuxième collaboration après « The Sugarland Express » en 1973. Ils vont devenir un tandem indissociable. Toutefois, en 1976, John revient au western avec « Missouri Breaks » d’Arthur Penn (avec Marlon Brando et Jack Nicholson). Il étendra ses compétences aux films de guerre puisqu’il signera, entre autres, en 1977 « La Bataille de Midway » (avec Charlton Heston et Henry Fonda) pour faire à nouveau une incursion dans le genre « catastrophe » avec « Dimanche Noir » de John Frankenheimer, toujours en 1977. Désormais, tous les réalisateurs veulent se l’approprier. Un certain Georges Lucas (très proche de Steven Spielberg et de Francis Ford Coppola) l’engage pour « Star Wars ». A ce moment, John Williams ne sait pas encore que son destin sera lié à tout jamais à ce film ! Le succès est immédiat et Hollywood le consacre une nouvelle fois en lui décernant un troisième « Oscar » ! Dans le premier opus de « Star Wars », accordons deux mentions spéciales au guilleret morceau de jazz joué dans la taverne par de désopilantes créatures (« Cantina Band ») et à la fantastique mini-symphonie tonitruante intitulée « The Last Battle » ! De plus en plus prolifique, le célèbre musicien se charge, la même année, de la partition des « Rencontres du Troisième Type » avec, dans le thème principal, un fameux et légendaire enchaînement entêtant de cinq notes de musique différentes… En 1978, il compose la musique de « Furie » de Brian de Palma et accepte de « diriger » une seconde fois le requin dans « Jaws 2 » de Jeannot Swarc qui réalise, au demeurant, une pâle copie en comparaison du travail d’orfèvre de Spielberg. John Williams aura également plus d’inspiration pour « Superman » de Richard Donner pour lequel il compose l’une de ses plus belles musiques de films. 

Superman : Main Title
 
Ensuite, il décroche son prochain contrat pour le « Dracula » de John Badham (avec Frank Langella dans le rôle de l’éternel vampire) en 1979. Puis, son copain Spielberg lui fait à nouveau les yeux doux pour « 1941 », film loquace qui ne rencontrera pas le succès escompté; ce sera, toutefois, l’occasion pour Williams de faire un bref retour à la musique de comédie. Au début de l’année 1980, John Williams est nommé à la direction du prestigieux « Boston Pops Orchestra » à la tête duquel il restera pendant 13 ans. Cette année salue aussi le deuxième épisode de « La Guerre des Etoiles : l’Empire Contre-attaque ». C’est pendant celui-ci que l’on découvre la fameuse « marche » de l’énigmatique Darth Vador !

Star Wars : The Darth Vador’s March
 
A partir de 1981, c’est une nouvelle et excitante aventure qui attend l’artiste new-yorkais. Avec grand plaisir, il retrouve Spielberg qui planche sur « Les Aventuriers de l’Arche Perdue » sur un scénario de Georges Lucas. John Williams est convié à accompagner musicalement les progressions d’un professeur d’archéologie en quête de trésors : Indiana Jones ! Pour ce projet, le directeur d’orchestre concocte avec brio une composition riche en thèmes mystérieux et romantiques. Les scènes d’action sont particulièrement alimentées d’envolées somptueuses. L’année suivante, c’est le raz-de-marée « E.T. l’extra-terrestre » et, une nouvelle fois, Williams déploie tout son talent de créateur : il ressort de sa composition beaucoup de sensibilité et la partition est à la hauteur du film : grandiose ! Les scènes tendres d’amitié entre l’enfant et l’étrange personnage venu d’ailleurs sont parfaitement accompagnées. C’est un succès sans précédent qui octroie à Williams un quatrième Oscar amplement mérité ! En 1983, John Williams parachève le premier cycle des trois épisodes de « Star Wars » avec « Le Retour du Jedi » qui contient un développement des thèmes déjà utilisés dans les deux précédents. Le travail est bien soigné mais il n’apporte rien de nouveau. 1984 voit le retour du célèbre duo pour la suite des aventures d’Indiana Jones et « Le Temple Maudit ». C’est le passage du sacrifice qui marquera les spécialistes : le thème sombre illustré de chœurs ténébreux est tout bonnement fantastique ! Par la suite, le compositeur connaîtra une petite accalmie avant de se ressourcer dans la comédie avec « Les Sorcières d’Eastwick » de Georges Miller en 1987 avec le génial Jack Nicholson dans le rôle du démon. La même année, il travaille encore et toujours avec son inséparable ami Spielberg sur « L’Empire du Soleil » dans lequel il signe un morceau de fanfare chorale de toute beauté ! Deux ans plus tard, c’est « Indiana Jones et la Dernière Croisade » qui réunit les deux compères. Les critiques accueillent cette composition comme étant la meilleure de la trilogie. Ensuite, c’est « Né un 4 Juillet », toujours en 1989, qui permet à Williams de travailler avec un autre très grand réalisateur : Oliver Stone. En 1990, c’est « Home Alone » (« Maman, j’ai raté l’avion ») qui attire le musicien dans une catégorie de films qu’il n’arrive pas à oublier : la comédie. Rappelons que c’est dans ce genre que le compositeur a commencé à exceller. L’année suivante salue une nouvelle collaboration entre Williams et Spielberg sur « Hook » avec l’irrésistible Robin Williams et le terrifiant « Capitaine Crochet » incarné brillamment par Dustin Hoffman. La même année, Williams signe une excellente composition pour le « J.F.K. » d’Oliver Stone (avec Kevin Costner). Notons pour ce film un fabuleux thème illustré uniquement de caisses claires.

J.F.K.
 
En 1992, John Williams se charge du second « Home Alone » avant de réitérer, un an plus tard, deux magistrales performances sur « Jurassic Park » et « La Liste de Schindler » dont le thème principal joué par le violoniste Itzhak Perlman est remarquable.

La Liste de Schindler : Itzhak Perlman

Un cinquième et dernier « Oscar » à ce jour viendra s’ajouter aux autres récompenses constituant ainsi un palmarès inégalable ! « Nixon » est l’occasion des retrouvailles entre Stone et Williams en 1995 mais la composition passera quasi inaperçue devant l’éblouissante prestation de Sir Anthony Hopkins. L’année se termine avec une composition sur « Sabrina » de Sydney Pollack. L’année suivante, Williams participe à « Sleepers » de Berry Levinson avant de travailler en 1997 pour Jean-Jacques Annaud sur « Sept ans au Tibet ». John Williams retrouve Steven Spielberg sur le réussi « Jurassic Park 2 : Le Monde Perdu » pour enchaîner, en 1998, sur « Il faut sauver le soldat Ryan ». Un an plus tard, il signe « Les Cendres d’Angela » d’Alan Parker préalable à une nouvelle trilogie de « Star Wars » avec l’Episode 1 « La Menace Fantôme » dans lequel le thème le plus marquant est sans aucun doute celui du « Duel of the Fates ». A l’aube du nouveau millénaire, il compose, pour Roland Emmerich, la musique de « The Patriot » qui, toutefois, s’avérera comme l’une des moins convaincantes. 2001 honore une nouvelle association Williams-Spielberg pour « A.I. Artificial Intelligence » avec une partition subtile et profonde sur l’amour et les sentiments d’un enfant-robot. Au cours de cette même année, John Williams donne son aval sur une nouvelle saga autour d’un héros qui ne finira pas de captiver de nombreux et fervents lecteurs : Harry Potter !

Suite from Harry Potter
 
Il se chargera des trois premiers films de l’apprenti sorcier : « Harry Potter à l’école des sorciers », « Harry Potter et la Chambre des Secrets » en 2002 et « Harry Potter et Le Prisonnier d’Azkaban » en 2004. Entre-temps, il compose encore pour Spielberg sur « Minority Report » (avec Tom Cruise) et sur « Arrêtes-moi si tu peux » en 2002 et « Le Terminal » en 2004 (avec, dans ces deux derniers longs métrages, Tom Hanks). Parallèlement à toutes ces partitions, Williams continue à distiller des musiques pour l’Episode 2 de « Star Wars : L’Attaque des Clones » en 2002 pour clore, enfin, avec le troisième chapitre « La Revanche des Sith » en 2005. En juin de la même année, il enregistre le score de « La Guerre des Mondes » toujours pour Spielberg. Le musicien signe là une partition aux sonorités sombres et abruptes. Ensuite, Williams compose une musique aux accents orientaux sur « Mémoires d’une Geisha » pour le réalisateur de « Chicago » Rob Marshall. En 2006, Williams s’occupe de diriger « Munich » pour Spielberg et accomplit à cette occasion un nouveau chef-d’œuvre fascinant rehaussé de motifs prouvant encore une fois un immense talent créatif. Des projets de nouvelles musiques de films sont attendus cette année avec la prochaine sortie du quatrième épisode d’ « Indiana Jones et le Royaume du Crâne de Cristal » et John devrait prendre la direction d’orchestre pour le dernier « Harry Potter et Les Reliques de la Mort » avant de travailler sur le film retraçant la vie de Lincoln en 2009 avec Liam Neeson toujours sous la direction de Spielberg. Par contre, rien n’est encore annoncé pour le premier long métrage sur « Tintin ».  Pour terminer cette évocation de près de 50 ans de carrière du plus grand compositeur de musiques de films de tous les temps, je dirai qu’avec Ennio Morricone, Jerry Goldsmith et John Barry, il a largement contribué à populariser le style symphonique dans le cinéma.

Indiana Jones : Main Title
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6 novembre 2007 2 06 /11 /novembre /2007 17:28

DA-VINCI-CODE.jpg
Original Motion Soundtrack

1. Dies Mercurii I Martius
2. L'Esprit Des Gabriel
3. The Paschal Spiral
4. Fructus Gravis
5. Ad Arcana
6. Malleus Maleficarum
7. Salvete Virgines
8. Daniel's 9th Cipher
9. Poisoned Chalice
10. The Citrine Cross
11. Rose Of Arimathea
12. Beneath Alrischa
13. Chevaliers De Sangreal
14. Kyrie For The Magdalene

Si vous aimez les musiques de films captivantes où vous pouvez vous imaginer l’action sans même la voir, vous êtes mal tombés…
En effet, à part la première plage, « Dies Mercurii I Martius » et la seconde « L’Esprit Des Gabriel » qui en prolonge quelque peu la densité, vous pouvez vous apprêter à une petite sieste bien tranquille qui aura quand même le don de vous épargner une suite bien insipide…
Par contre, si vous adorez les instruments à cordes, vous êtes servis ! Les violons tiennent donc une place prépondérante et ils s’animent par quelques decrescendos – crescendos brutaux mais trop rares que pour pouvoir maintenir l’attention de l’auditeur durant toute la durée du disque.
Trop subrepticement, un piano intervient avant une nouvelle salve d’instruments à cordes… Le quatrième morceau « Fructus Gravis » s’affole à un moment bien déterminé mais c’est pour s’éteindre aussi vite qu’il s’est animé…
Nous replongeons alors dans une longue et lancinante torpeur. Cependant, tout n’est pas mauvais dans cette composition. On devine aisément une atmosphère lourde, étrange propre au mystère.
L’intensité sporadique des violons fait naître une peur et une inquiétude constantes… Dès « Malleus Maleficarum », un beau chant choral s’élève presque pour atteindre l’inaccessible… étoile !
On dirait que les voix proviennent d’anges égarés en quête d’une lumière divine. L’espoir renaît mais il s’évapore à nouveau car le mal est toujours bien présent ! Les anges se sentent perdus dans « Daniel’s 9th Cipher », les cordes reprennent de plus belle et la mélancolie, voire la tristesse, demeure.
Puis, une certaine légèreté et une douceur apparaissent avant une nouvelle crispation et ainsi de suite pour aboutir au meilleur après une longue attente de plus de 9 minutes… Une soprano nous délecte de sa voix claire et fraîche dans « Poisoned Chalice »…
Nous n’aurons donc pas tout perdu. La patience est toujours récompensée ! D’autant plus qu’elle revient pour notre plus grand plaisir dans « Rose Of Arimathea » et qu’elle est encore là pour l’apothéose dans l’ultime « Kyrie For The Magdelene ». Cette voix, c’est la bouée pour nous sortir de l’ennui, c’est une bouffée d’oxygène salvatrice ! 

hans-zimmer.jpg 
Je ne terminerai pas sans vous parler un peu d’Hans Zimmer, le compositeur de cette musique. Né le 12 septembre 1957 à Francfort en Allemagne (ce ne pourrait être autre part avec un nom pareil !), il s’intéresse très vite à la pratique musicale et dès 3 ans, il étudie le piano !
Fin des années 80, il se tourne vers la musique électronique et fera même partie du groupe « The Buggles » qui triomphera avec le titre « Video Killed The Radio Star » ! En 1988, il connaît un franc succès pour la composition de la musique de « Rain Man » avec Tom Cruise et Dustin Hoffman.
Il s’occupe par la suite des bandes originales de « Thelma et Louise » et rencontre Ron Howard qui lui confie celle de « Backdraft » en 1991.
La consécration vient en 1994 lorsqu’il reçoit successivement un Grammy Award, un Golden Globe et  ô récompense suprême, un Oscar de la meilleure musique de film pour « The Lion King » ! Il n’en reste pas là puisque la critique lui décerne encore un Grammy Award l’année suivante pour « USS Alabama » et un Golden Globe lui est attribué en 2000 pour « Gladiator » !
Les propositions ne manquent pas pour Hans Zimmer puisque c’est lui qui s’est chargé de la musique de « The Dark Knight », la suite tant attendue de « Batman Begins » et Ron Howard l’a sollicité à nouveau pour son prochain long métrage « Frost/Nixon » annoncé en 2008…  
Voici un extrait de la bande originale du film "Da Vinci Code", certainement le plus marquant, si pas le moins soporifique, « Chevaliers De Sangreal » :
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