Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, attachez bien vos ceintures.
Le commandant Bernie vous souhaite la bienvenue à bord de sa navette musicale « COMEBACK » pour un passionnant voyage à travers les époques de la Chanson… Accrochez-vous bien, c’est parti !
FRÉHEL : « LA JAVA BLEUE » (1939)
Née le 13 juillet 1891 à Paris, Fréhel, de son vrai nom Marguerite Boulc’h, découvre très jeune le monde du spectacle puisqu’à l’âge de 5 ans, elle demande l’aumône, en chantant, en compagnie d’un non voyant, dans les quartiers les plus populaires de la capitale. À 15 ans, elle travaille dans le commerce du porte à porte mais pour elle, ce n’est qu’un tremplin financier pour se faire remarquer afin d’exercer l’art qu’elle apprécie par-dessus tout : la chanson. Elle fait la connaissance de la Belle Otero (grande vedette de l’époque, d’origine espagnole, qui a fait les beaux soirs des « Folies-Bergère ») qui est séduite par son physique (qui, malheureusement, se dégradera plus tard) ainsi que par son joli et chaud timbre de voix. C’est elle aussi qui lui trouve le doux nom de « Petite Pervenche » avec lequel elle commence à se produire. Fin 1907, elle rencontre Robert Hollard (mieux connu sous son nom d’artiste, Roberty), un jeune comédien amateur avec qui elle se marie et a un enfant. Un enfant qu’elle a la tristesse de perdre très tôt et qui aura des retombées dramatiques sur la suite de son existence. En effet, le couple se sépare en 1910 et peu après, elle acquiert définitivement son nom de scène en référence à ses origines ancestrales. Elle entretient une idylle avec Maurice Chevalier qui la délaissera au profit de Mistinguett en raison de sa dépendance croissante à l’alcool et la drogue. Son état ne s’améliorant pas, elle part s’exiler en Turquie et c’est l’Ambassade de France qui l’extraira de sa déchéance. Elle revient en 1925 mais devra attendre le début des années 30 pour connaître à nouveau le succès. Celui-ci se forge entre 1931 et 1949 par l’entremise du cinéma qui l’emploie dans des rôles pas toujours très flatteurs, son physique empâté ne la prédestinant pas à des scènes amoureuses… 17 films émailleront sa carrière cinématographique dont le plus célèbre, « Pépé le Moko », en 1936, au cours duquel elle interprète l’un de ses plus grands succès : « Où Sont-Ils Donc ». En 1950, elle fait sa dernière apparition en public sous l’impulsion du poète, journaliste et écrivain Robert Giraud associé à son confrère Pierre Mérindol. Ces deux personnalités médiatiques réussissent le pari de faire remonter Fréhel sur une scène parisienne mais cet ultime récital résonnera comme un chant d’adieu puisque quelques mois après, la vedette de l’entre-deux-guerres sera retrouvée morte le 3 février 1951 dans une chambre d’un immeuble glauque situé au 45, rue de Pigalle. Vous pouvez retrouver la chanson ici proposée parmi d’autres succès (« Comme Un Moineau », « Où Sont Tous Les Amants ? », « La Valse À Tout Le Monde »…) dans un CD de la série « Les Étoiles de la Chanson » composé de 22 titres (Music Memoria, 1995) ou mieux encore, dans « Le Meilleur de Fréhel », un double CD paru chez EMI (1997).
DJANGO REINHARDT : « NUAGES » (1940)
Ce musicien exceptionnel, à l’origine du courant musical « Jazz manouche » ou « Gypsy Jazz », est un virtuose de la guitare dont le jeu est incomparable. La technique qu’il déploie est unique pour la raison qu’elle est due en partie à un don naturel, à un style inné, et d’autre part, à un accident qui entrava, par une grave brûlure, la maniabilité de sa main gauche. Cet événement jouera un rôle essentiel dans sa façon de jouer : ses deux doigts restés valides développeront des accords d’une rare justesse et d’une infinie précision ! Né le 23 janvier 1910 à Liberchies, à proximité de Pont-à-Celles (à quelques kilomètres de Courcelles, où je réside) au sein d’une famille de nomades, le petit Jean Reinhardt (c’est ce nom qui est renseigné sur l’acte de naissance) grandit au son de la musique qui égaie les soirées du campement. Son oncle joue du banjo et il rêve de l’imiter. À force de l’observer et d’étudier sa technique, son objectif devient réalité et de plus, il démontre une dextérité extraordinaire. À 13 ans, son talent est tel qu’il s’illustre aux côtés de l’accordéoniste Jean Vaissade (le compositeur de « Sombreros et Mantilles » pour Rina Ketty dont il fut l’époux) dans les bars les plus branchés de Paris. Mais Django ne veut pas se limiter au banjo. Il s’essaie au violon avec le même enthousiasme. À 18 ans, l’incendie qui ravage la roulotte qu’il partage avec sa première épouse le contraint, de par l’infirmité qui en découle, à se fixer définitivement sur la guitare. En 1930, après plusieurs mois de soins et de convalescence, il se réintègre à la vie artistique en découvrant que la guitare occupe désormais une place prépondérante dans les grands orchestres de Jazz. La musique de Louis Armstrong ou celle de Duke Ellington le fait frémir et dans sa tête, tout est bien clair au niveau de la voie musicale qu’il souhaite emprunter : il sera, lui aussi, musicien de Jazz. Afin d’acquérir une notoriété qui va sans cesse s’accroître, il débarque sur la Côte d’Azur et intègre l’orchestre de la « Croix du Sud », un club dirigé par le saxophoniste et clarinettiste André Ekyan dont la rencontre sera déterminante pour la suite de sa carrière. En effet, cet orchestre compte en ses rangs deux des plus grands musiciens de Jazz français de cette époque : Alix Combelle (1912-1978) et le violoniste Stéphane Grapelli (1908-1997) avec qui il fonde le « Quintette du Hot Club de France » qui se compose du frère de Django, Joseph, Roger Chaput à la guitare et Louis Vola à la contrebasse. Le succès de cette association va dépasser les frontières et de grands artistes de Jazz américains, de passage en France, se proposent de jouer en leur compagnie : le saxophoniste Coleman Hawkins (1904-1969), le multi-instrumentiste, compositeur et chef d’orchestre Benny Carter (1907-2003, qui travailla avec, entre autres, Ray Charles, Louis Armstrong et Ella Fitzgerald) et le cornettiste Rex Stewart (1907-1967). Malheureusement, le second conflit mondial va déchirer la formation alors en tournée en Angleterre. Stéphane Grapelli choisit de rester à Londres tandis que Django revient en France. Écarté du recrutement militaire suite à ses brûlures, Django continue à jouer le plus souvent à Paris et en 1940, il enregistre « Nuages », l’un de ses plus grands succès avec le clarinettiste, saxophoniste et chef d’orchestre Hubert Rostaing (1918-1990, compositeur également de nombreuses musiques de films). En 1944, il connaît un bonheur sans pareil : sa seconde femme lui donne un fils, Babik, qui deviendra, à son tour, guitariste de Jazz. La guerre finie, le « Hot Club de France » se reforme et part en tournée aux États-Unis en 1946, l’occasion unique et exceptionnelle pour Django de jouer aux côtés de Duke Ellington (1899-1974), l’une de ses idoles. Cependant, Django descendra bien vite de son petit « nuage », Ellington le faisant intervenir en fin de récital. Cette déception digérée, il cherche à rencontrer d’autres grands tels le saxophoniste Charlie Parker (1920-1955), le trompettiste Dizzy Gillespie (1917-1993) et le pianiste Thelonious Monk (1917-1982). Comble de malchance, il ne réussit pas à déterminer un rendez-vous, ces musiciens ayant chacun un emploi du temps surchargé. Découragé par cette soi-disant ignorance de son immense talent, Django délaisse la guitare et part se réfugier à Samois-sur-Seine à proximité de Fontainebleau. Et là, subitement, il retrouve l’envie de rejouer, de se surprendre lui-même. Il décide de s’entourer de nouveaux musiciens : le trompettiste Roger Guérin (c’est lui qui signe le solo dans « Armstrong » de Claude Nougaro), les frères Hubert et Raymond Fol, respectivement saxophoniste et pianiste, le contrebassiste Pierre Michelot (1928-2005, il a aussi travaillé avec Nougaro mais aussi avec Miles Davis, Chet Baker et Sydney Bechet), le pianiste Bernard Pfeiffer (il a joué au début des années 50 avec le tout jeune Sacha Distel) et le batteur Jean-Louis Viale. Django renaît et en 1953, il participe aux tournées du « Jazz at the Philarmonic », une série de concerts produits par Norman Granz. Ensuite, Eddie Barclay flaire le bon coup de ce « revival » et le convainc à enregistrer plusieurs morceaux destinés au marché américain. Django aura sa revanche sur les Etats-Unis et son indéniable génie sera enfin reconnu à sa juste valeur. Le 8 avril 1953, Django franchit pour la dernière fois les portes d’un studio pour une nouvelle version de « Nuages »… Était-ce une prémonition ? Un mois plus tard, Django nous quitte brutalement suite à une hémorragie cérébrale. Il repose dans le petit cimetière de Samois-sur-Seine, pas loin de la maison au mur de laquelle une plaque commémorative a été apposée signalant au visiteur l’illustre musicien qu’elle a abrité. Au rayon CD, je vous recommande l’intégrale, saison 1 (1928-1938), qui vient de paraître sous le label Frémeaux & Associés, une édition dirigée par Daniel Nevers pour le centenaire de sa naissance.
THE PLATTERS : « ONLY YOU » (1955)
Fondée en 1953 sous l’égide de Ralph Bass (1911-1997) puis reprise par le producteur Buck Ram (1907-1991), la formation se compose initialement de Tony Williams (1928-1992, qui quittera le groupe en 1960), David Lynch (1930-1981), Alex Hodge qui ne fait qu’un court intermède, remplacé en 1954 par Paul Robi (1931-1989), Herb Reed (dernier membre vivant âgé de 78 ans) et Zola Taylor (1938-2007). Ce n’est qu’après l’engagement de Zola et le remplacement d’Alex Hodge qu’ « Only You » paraît. D’emblée, il truste les premières places des Charts et reste excellemment classé pendant sept semaines. Le disque suivant, « The Great Pretender », enregistré à peine cinq mois après, remporte un plus grand succès encore, se classant n° 1 des Charts « Rhythm’n’blues » et « Tous Publics ». Les tubes vont s’enchaîner à la vitesse de l’éclair : « You’ve Got The Magic Touch » (février 1956, n° 4), « My Prayer » (juin 1956, n° 1), « I’m Sorry » (janvier 1957, n° 11), « Twilight Time » (avril 1958, n° 1), « Smoke Gets In Your Eyes » (octobre 1958, n° 1). Quatre n° 1 en l’espace de 3 ans et demi : « The Platters » est le groupe en vogue : on n’entend plus qu’eux à la radio et les émissions de télévision se les arrachent. Les singles suivants, avec, à la base, toujours la bonne vieille « recette », seront pourtant moins bien « répercutés » dans les Charts : « Remember When » en mai 1959 se classe n° 41 et « Where » sorti en août ne récolte qu’une 44ème place. La fin de l’année 1959 est un peu plus heureuse avec une honorable 8ème place pour « Harbor Lights ». À partir de 1960, la belle machine se déglingue : après quelques apparitions cinématographiques, le groupe se disloque : Tony Williams claque la porte en 1961, imité par Zola Taylor et Paul Robi. Charles « Sonny » Turner prend la place laissée vacante par Williams au sein d’une formation à la recherche de son second souffle. Il faut attendre 1967 pour revoir « The Platters » dans le Top 20 avec « With This Ring », une composition de Luther Dixon, Richard Wylie et Anthony Hester. En effet, ce trio réussit la gageure de ramener le groupe au devant de la scène avec une très jolie 14ème position. Malheureusement, ce n’est qu’un feu de paille et les années suivantes ne seront plus émaillées que d’incessantes batailles juridiques au cours desquelles les anciens membres s’entre-dévoreront pour l’obtention des droits d’auteurs. À l’heure actuelle, le dernier membre survivant de la formation initiale, Herb Reed tourne toujours avec une nouvelle formation tout naturellement appelée « Herb Reed and The Platters » et ont plusieurs récitals prévu à leur calendrier jusqu’en septembre 2010. Si vous voulez réécouter leurs tubes légendaires et de surcroît remastérisés, je vous suggère la compilation « All-Time Greatest Hits » de 2004 parue chez Mercury qui regroupe 18 titres incontournables. C’est bientôt le moment des cadeaux, faites-vous plaisir !
MANFRED MANN : « HA ! HA ! SAID THE CLOWN » (1967)
Cette chanson a une « saveur » toute particulière pour moi. Je l’ai découverte que j’avais 5 ans ! Nous étions en vacances à la mer avec mes parents et grands-parents. À chaque fois que nous sortions faire un tour, je l’entendais ! C’était vraiment un grand succès de cet été 1967 et quand nous prenions le « petit train » qui nous faisait découvrir le paysage hors littoral, la radio nous le « balançait » inévitablement à son tour ! Dans ces conditions, comment voulez-vous que je ne m’en souvienne pas ! Evidemment, je ne savais pas que « Manfred Mann » était à l’origine de ce tube. Ce groupe de 1962 porte en fait le nom de son fondateur, le claviériste Manfred Mann. Plusieurs styles de musique ont été visités par cette formation qui, au départ, s’appelait réellement « Mann-Hugg Blues Brothers » de par l’association avec Mike Hugg, chanteur, batteur et aussi claviériste, de la Pop au Rock Progressif, en passant par le Rhythm’n’blues et le Jazz-Rock fusion (courant né d’un mélange Jazz-Rock-Funk exploré par l’emblématique Frank Zappa). C’est à Londres que les bases du groupe sont définies et les deux protagonistes recrutent d’autres musiciens : le guitariste Mike Vickers, le bassiste Dave Richmond ainsi que Paul Jones (harmonica et voix). La formation décroche un contrat chez HTV Records, prend l’appellation « Manfred Mann » et enregistre un single instrumental intitulé « Why Should We Not » qui sort en juillet 1963. Le disque passe plutôt inaperçu… Pourtant le son est novateur et les responsables de l’émission « Ready Steady Go » sur la chaîne musicale du groupe audiovisuel britannique ITV leur commande un générique qui atteint la 5ème position des Charts. Alors que « Manfred Mann » commence à s’imposer, le groupe est bouleversé par le brusque départ de Dave Richmond qui cède sa place à Tom Mc Guiness. Le team décroche la première place des classements américains et anglais avec « Do Wah Diddy Diddy », une reprise du hit des « Exciters » dont Sheila fit une version française sous le titre « Vous Les Copains » qui fut l’un de ses premiers grands succès. « Manfred Mann » assoit son succès en 1965, reprend « With God On Our Side » de Bob Dylan et triomphe ensuite avec « The One In The Middle ». Le hit « If You Gotta Go, Go Now » vient compléter le joli palmarès du groupe en septembre 1965. Cette nouvelle reprise d’un morceau de Dylan se classe n° 2 dans les Charts britanniques. Après ce nouveau tube, Paul Jones souhaitera quitter ses compères qui, toutefois, le convaincront de rester. Ce ne sera qu’un sursis puisqu’il partira l’année suivante. Cependant, le changement titille un autre membre de l’équipe, en la personne de Mike Vickers qui est remplacé par Jack Bruce, en provenance des « John Mayall’s Bluesbreakers ». Comme il l’avait annoncé un an plus tôt, Paul Jones s’en va au profit de Mike d’Abo et Jack Bruce est également séduit par une nouvelle aventure : la formation de « Cream » avec Eric Clapton et Ginger Baker. La formation salue l’arrivée de Klaus Voormann et intègre la maison de disques Fontana. « Manfred Mann » confirme son attachement « dylanesque » avec deux reprises de l’inoubliable interprète de « Knockin’ On Heaven’s Door » : « Just Like A Woman » (1966) et « Quinn The Eskimo (The Mighty Quinn) » (1967) entrecoupés par le tube « Ha ! Ha ! Said The Clowns » ici présenté. Cependant, les deux derniers albums du combo, « Up The Junction » et « Mighty Garvey ! » n’auront pas le succès escompté et en 1969, les membres se séparent. Toutefois, Mann et Hugg veulent toujours y croire et créent « Manfred Mann Chapter III ». Cette nouvelle association ne sera qu’éphémère et, dans la foulée, en 1971, Mann conçoit « Manfred Mann’s Earth Band » qui, de nos jours, est toujours bien là avec l’indestructible Mann (claviers), Mick Rogers (guitare et voix), Steve Kinch (basse), Noel Mc Calla (percussions et voix) et Pete May (batterie). Depuis, 16 albums studio ont été enregistrés dont le dernier « 2006 » sorti en… octobre 2004. Comme je suis un peu nostalgique des premiers hits, je choisirais sans hésiter la compilation « 1964/1969 » garnie de 24 titres, parue le 4 décembre 2006 sous le label « Magic France ».
MARC HAMILTON : « COMME J’AI TOUJOURS ENVIE D’AIMER » (1970)
Né en Gaspésie (une péninsule canadienne au sud-est du Québec) le 2 février 1944, Marc marque (oui, je sais, je ne l’ai pas fait exprès !) très vite un vif intérêt pour la musique et plus particulièrement pour le Rock’n’roll. Ses premières idoles ont pour noms Elvis Presley et Jerry Lee Lewis. Il acquiert une guitare qui, très rapidement aussi, n’a plus aucun secret pour lui et à 19 ans, il fonde le groupe « Les Shadols » dans lequel il est chanteur et guitariste. En 1965, pas convaincu de l’impact de cette appellation, il décide de changer l’identité de sa formation : « Les Shadols » deviennent « Les Monstres », pas de quoi déclencher un raz-de-marée médiatique (seulement 2 45 tours)! Puis de 1967 à 1968, il intègre un autre groupe, « Les Caïds » mais le succès ne vient toujours pas. C’est à l’automne 1969 qu’il décide d’entreprendre une carrière solo avec un premier 45 tours comprenant « Nous avons marché » et « J’irai un jour à Paris ». Il ne croit pas si bien chanter, l’ami Marc qui sait que son heure de gloire va bientôt sonner. En février 1970, il enregistre une chanson qui va littéralement changer le cours de sa vie, du jour au lendemain. Dès sa sortie, « Comme J’ai Toujours Envie D’aimer » devient un méga tube : 200.000 exemplaires sont écoulés au Québec tandis qu’en France, le disque atteint la vente de 1.500.000 copies ! Le « copyright » de la chanson sera énormément sollicité et elle atteindra rapidement une renommée internationale ! Marc Hamilton n’a même plus le temps de se retourner sur son récent passé : de chanteur banal, il endosse le costume d’une grande vedette et multiplie les passages à la télévision, participe aux fameuses tournées « Musicorama » et s’affiche en couverture de tous les magazines de variétés. Son look ne laisse pas non plus indifférent : affublé d’une barbe et de cheveux longs, il ressemble à un « Beatle » d’avant la séparation des 4 gars de Liverpool. L’album éponyme qui suivra le mois suivant la parution du single n’aura, malheureusement, d’attrait que pour ce dernier qui, par son immense succès, occultera les autres titres dont on retirera essentiellement, de par le contraste musical qu’ils engendrent, le très rock « C’est Que Tout Va Bien », le psychédélique et oriental « Tapis Magique » (qui servira de face B au 45 tours) et « Entre Les Fleurs » aux couleurs slaves. Pourtant, le chanteur devra vite déchanter (je ne le fais toujours pas exprès, hein !), la suite de sa carrière discographique sera beaucoup moins heureuse à part, peut-être, les singles « Rosemary » et « Si Je Pouvais Te Faire Un Enfant » aux ventes plus modestes par rapport à son tube légendaire. En 1973, un grave accident durant l’exécution de travaux dans sa propriété le prive de l’usage de son œil gauche. Tout en gardant le goût pour l’écriture et la musique, Marc se fait quelque peu oublier et se recycle dans le commerce de bois de chauffage. Ses retours à la chanson seront épisodiques avec, quand même, la publication de 3 albums et de deux compilations en 1993 et 2001. En 2003, il rend hommage à Charles Aznavour en enregistrant un album de reprises. Fin 2005, il édite une autobiographie : « La Chanson qui m’a tué » dans laquelle il raconte comment sa vie a été bouleversée au moment de la sortie de « Comme J’ai Toujours Envie D’aimer » qui, encore aujourd’hui, est à l’origine de nombreuses rencontres amoureuses sur les pistes de danse… Une compilation du même titre est sortie sous le label « Disques Mérite » en 2001 avec 21 chansons et je crains qu’il faille vous rendre au Québec si vous voulez vous la procurer… Si vous la trouvez, vous aurez la médaille… du Mérite !
MODERN TALKING : « YOU’RE MY HEART, YOU’RE MY SOUL » (1984)
“Modern Talking” est issu de la rencontre entre l’auteur-compositeur, producteur Dieter Bohlen (né le 7 février 1954) et le chanteur Thomas Anders (né le 1er mars 1963). Ils se sont connus en 1982 et ont décidé de s’associer durant l’année 1984. Leur premier single « You’re My Heart, You’re My Soul » s’empare immédiatement de la première place des hit-parades en Allemagne (on s’en saurait douter), au Danemark, en Finlande, en Belgique, en Israël, au Portugal, en Suisse et en Turquie. Le premier album, tout naturellement intitulé « The First Album » sorti le 1er avril 1985 est un « poisson » qui rapporte : il se vend à plus de 500.000 exemplaires en Allemagne et contient, en plus du méga hit ci-avant, un autre gros tube « You Can Win If You Want ». Ces deux singles s’écoulent chacun à plus de 250.000 exemplaires ! Les deux compères remettent le couvert quelques mois plus tard et « Let’s Talk About Love, The Second Album » paraît le 14 octobre 1985 avec le hit « Cheri Cheri Lady » n° 1 en Allemagne, restant dans le « Top » durant 24 semaines, en Suisse, Norvège et Autriche. Un peu plus de 7 mois plus tard, le 26 mai 1986, les fans découvrent « Ready For Romance, The Third Album » avec, encore, deux gros succès : « Brother Louie » et « Atlantis Is Calling (SOS For Love) ». L’album sera n° 1 pendant cinq semaines d’affilée. Le 10 novembre 1986, Bohlen et Anders donnent naissance à leur 4ème bébé : « In The Middle Of Nowhere, The Fourth Album » dont s’extraient « Geronimo’s Cadillac », « Give Me Peace On Earth » et « Lonely Tears In Chinatown », ce dernier exclusivement destiné au marché espagnol. Un léger déclin de popularité outre Allemagne se remarque néanmoins, le groupe ne décrochant que des accessits dans les classements européens. Cette constatation se vérifie avec l’album suivant, « Romantic Warriors, The Fifth Album » du 8 juin 1987 dont seule la plage titulaire, « Jet Airliner », parvient à se distinguer dans les Charts. « In The Garden Of Venus, The Sixth Album » (30 novembre 1987) sonne le glas de nos deux compagnons : l’album ne récolte qu’un accueil fort mitigé en raison d’un manque de promotion. Las, Bohlen et Anders se séparent pour continuer leur carrière chacun de leur côté. 11 ans après, la folle période des « Remix » aidant, nos deux amis tentent ensemble une nouvelle aventure avec « Back For Good » (30 mars 1998) un album constitué de nouvelles versions de leurs tubes précédents et de 4 chansons inédites. Assez curieusement, la sauce prend à nouveau et l’album se vend à plus de 3.000.000 d’exemplaires en Europe dont plus d’1.250.000 rien que pour l’Allemagne ! Bohlen et Anders sont heureux de se retrouver et confirment leur retour avec « Alone, The Eighth Album » (19 février 1999) duquel deux singles sont exploités : « You Are Not Alone » et « Sexy, Sexy Lover ». L’album se classe n° 1 en Allemagne et en Hongrie et atteint une très honorable 11ème place dans le hit-parade français habituellement assez réticent à leurs productions. « Year Of The Dragon » (28 février 2000) lui succède avec pas moins de 19 titres. Malgré la vente de plus de 300.000 CD en Allemagne, le groupe accuse une nouvelle perte de vitesse. Celle-ci s’accentue avec « America, The Tenth Album » (19 mars 2001) pour lequel les ventes chutes de moitié. Bohlen et Anders veulent encore y croire avec « Victory, The Eleventh Album » (18 mars 2002) et réussissent à décrocher la 1ère place en Allemagne tout en subissant malgré tout un désintérêt croissant de la part des autres classements européens. « Universe, The Twelfth Album » (31 mars 2003) sent le réchauffé à plein nez malgré « TV Makes The Superstar » qui parvient à se hisser à la seconde place du classement allemand des singles. Bohlen et Anders jettent l’éponge une deuxième fois en publiant « The Final Album, The Ultimate Best Of » (5 août 2003)… Jamais 2 sans… 3 ?
PETER KINGSBERY : « ONLY THE VERY BEST » (1993)
Cette chanson est tirée de « Tycoon », la version anglaise de « Starmania » par Tim Rice. C’est l’adaptation du sublime « S.O.S. d’un Terrien en Détresse » remarquablement interprétée par le regretté Daniel Balavoine. Peter Kingsbery est aussi le chanteur du groupe Cock Robin formé en 1982 avec Anna LaCazio. La formation se séparera en 1990 et en 2006, c’est le retour avec un nouvel album : « I Don’t Want To Save The World » suivi d’un enregistrement « live » capté lors d’un concert en 2006, à Châlons en Champagne. Peter est né à Phoenix (Arizona), le 2 décembre 1952. Sa famille s’installe à Austin dans le Texas et il s’intéresse très jeune à la musique. C’est le classique qui l’attire particulièrement et il montre d’évidentes qualités au piano par lequel il se fait connaître lors de ses débuts de musicien où il accompagne Brenda Lee. Avant la formation de Cock Robin, il compose des chansons pour Smokey Robinson et écrit « Pilot Error » pour Stephanie Mills qui se classe n° 3 dans les Charts « Dance ». Après la fantastique période « Cock Robin », Peter Kingsbery entame une carrière solo qui sera parsemée de 4 albums studio. Le premier paraît en 1991 sous le titre « A Different Man » en 2 versions; la seconde comprenant deux titres en bonus : « Love In Motion » (sorti en single « promo » avec le liséré « La voix de Cock Robin ») et « The Sublime ». Il sera suivi, 3 ans plus tard, de « Once In A Million » lancé par le single « There’s No Magic To It ». En 1997, Peter enregistre « Pretty Ballerina » dont sont extraits 2 singles : « Pretty Ballerina » et « Better You Know ». Enfin, en 2002, pour démontrer son attachement à la France, il sort un album « Mon Inconnue » exclusivement en français, à l’exception d’un titre « The Long Last Second ». Le CD sera « soutenu » par deux singles : « Derrière Ma Cicatrice » et « Si C’était Vrai ». Malgré la présence de musiciens ayant participé à l’aventure « Cock Robin » et au passage, en forme de joyeuses retrouvailles, d’Anna LaCazio sur l’opus de 1997, Peter Kingsbery ne parviendra pas à défrayer les chroniques des critiques musicaux pour aucun de ces quatre albums. Toutefois, il faut souligner quelques tentatives audacieuses où l’on entend distinctement une nouvelle sonorité qui se caractérise par l’utilisation d’instruments à vent tels que le saxophone, la flûte, le trombone et l’euphonium (de la famille des cuivres, appelé aussi tuba ténor). Autre exemple de recherche de nouveaux sons : l’oud (instrument à cordes très répandu notamment en Grèce, Turquie et Arabie) dans le morceau « Hélène » de son premier album solo en 1991. Peter étend son jeu personnel aussi : non seulement il s’accompagne au piano mais il emploie également l’orgue et l’accordéon… Dommage encore que les spécialistes aient quelque peu boudé ses réalisations qui donnaient une autre image que celle de l’aimable et gentil chanteur de « Cock Robin ». Décidément, les vrais artistes (et ce qui le concerne, il possède une voix magnifique) ne sont malheureusement pas toujours reconnus à la hauteur de leur talent…
WILLY DENZEY : « ET SI TU N’EXISTAIS PAS » (2005)
Originaire du Laos, Willy naît à Melun le 19 août 1982. Très vite, la musique, à travers la soul et le R&B, va devenir son univers. Il forme son premier groupe « Prodyge Crew », un clone français de « Boyz II Men », à l’âge de 15 ans et en 2000, il s’inscrit à l’émission « Graines de Star » sur M6, produite par Thierry Ardisson et présentée par Laurent Boyer. Il réussit à se hisser en finale et attire l’attention d’un producteur qui le fait participer aux Francofolies de la Rochelle en 2001. Il sort son premier single « Que Vous Dire », purement autobiographique, le 9 novembre 2002, qui fait découvrir une personnalité authentique dénuée de toutes les étiquettes que l’on peut vous affubler dès votre apparition dans le monde du show-business. Le titre ne se classe que 52ème dans les Charts français mais un vieux dicton dit qu’il vaut mieux reculer pour mieux sauter : cette maxime se vérifie avec la parution d’un second single « Le Mur du Son » le 4 mai 2003 qui lui vaut un Disque d’Or et une très belle 8ème position dans le Hit Parade. Fort de ce succès, Willy est de plus en plus sollicité et pose sa voix sur le morceau « L’Allumage » de la bande originale du film « Taxi 3 ». La jeune chanteuse Leslie, elle aussi révélée par l’émission « Graines de Star », le convie pour un duo sur « J’suis Pas Faite Pour Ça », extrait de son premier album « Je Suis Et Je Resterai ». Le 3 novembre 2003 est une date importante dans la carrière de Willy : c’est en effet ce jour-là que sort son premier album qu’il intitule logiquement « Number One » nanti de 13 morceaux dont 3 singles seront extraits : « Number One », qui donne le titre à l’album, « L’Orphelin » et « Beauté ». Dans cet album, on note plusieurs collaborations avec Diam’s (sur « Ma Gueule », pas celle de Johnny !), Kader Riwan (sur « L’Orphelin ») et le rappeur La Fouine (sur « Life »). L’album se vend à 150.000 exemplaires et en 2004, Willy enchaîne avec un nouvel album, « Acte II », qui reçoit un accueil plutôt mitigé. En effet, les fans sont un peu déroutés par le côté « charnel » de l’album (les titres « Boo », « Mon Aphrodite », « L’Enjeu (Enlève Le Bas) ») alors qu’ils avaient été habitués à son romantisme. Par contre, ce sont les reprises de « Et Si Tu N’existais Pas » de Joe Dassin et « Hello » de Lionel Richie qui seront plébiscitées ainsi que « Donnez-Moi La Force » (très beau texte qu’il a composé à 15 ans en pleine crise d’adolescence) et « C’est Écrit Dans L’histoire » qui aborde le thème de la tolérance. Les chansons choisies pour les singles seront « Honey » et la splendide cover d’ « Et Si Tu N’existais Pas ». Depuis, Willy a sorti un single « Mon Royaume » en 2006 et s’est illustré sur la chanson « Double Mise (Bet On It) », en octobre 2007, dans le film « High School Musical 2 ».
J’espère que ce nouveau voyage à travers les époques de la Chanson vous a plu. La rubrique « Comeback » sera prochainement quelque peu mise en « veilleuse » (rassurez-vous, elle reviendra épisodiquement) et sera remplacée par
qui vous proposera, en un seul article, un « mix » de plusieurs styles de musiques. Cette formule provient de l’excellente émission de variétés « Musique and Music » de Jacques Martin diffusée fin des années 70.Le présent article clôt également cette année 2009. Je vous donne rendez-vous en Janvier 2010 et en attendant de vous retrouver, je vous souhaite de passer d’excellentes fêtes de Noël et de Nouvel An.
JOYEUX NOËL ! BONNE ANNÉE 2010 !